Arbitrage et conciliation dans l’Islam médiéval et moderne
Les études sur la justice en terre d’Islam se sont surtout concentrées, jusqu’ici, sur la résolution des conflits dans le cadre institutionnel mis en place par les autorités musulmanes, les tribunaux, dont les juges étaient nommés par le pouvoir politique. Or, l’exemple de sociétés musulmanes contemporaines (comme au Yémen) montre combien, encore aujourd’hui, la justice coutumière prend souvent le pas sur la justice étatique, et l’on peut supposer qu’il n’en allait pas autrement aux époques médiévale et moderne.
L’arbitrage est ici défini comme un mode d’adjudication dans lequel les plaideurs choisissent d’un commun accord la personne qui devra les départager. L’arbitre n’a pas l’autorité de faire comparaître un individu contre son gré ; ce type d’adjudication est, en général, extra-étatique.
De son côté, la conciliation correspond à un mode extra-judiciaire de résolution des conflits. Les parties s’en remettent à un médiateur qui orchestre des négociations conduisant en général à la formulation d’un compromis.
Ces deux modes de résolution des conflits, quoique traités de façon marginale, ne sont pas absents des sources islamiques médiévales : des chapitres de fiqh y furent dévolus dès une époque ancienne, des documents sur papyrus ou papier y font allusion, et les sources narratives recèlent également, à l’occasion, de précieuses informations sur ces deux formes de résolution des conflits.
Il s’agit ici de mieux comprendre les pratiques et les enjeux de l’arbitrage et de la conciliation dans l’Islam médiéval et moderne (époque ottomane), de mettre en évidence le fonctionnement et les usages qui purent être faits de ces modes de résolution des conflits et comment ces instances sont-elles définies, comment articulent-elles leurs rapports avec les institutions étatiques et quels sont les acteurs de cette justice parallèle.