Travaux et mémoires

Depuis le volume 14, la série Travaux et Mémoires est éditée par l’Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance, 52, rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris.

Tome XXVI – TRAVAUX ET MEMOIRES, Mélanges James Howard-Johnston | edited By Phil Booth & Mary Whitby, Paris 2022.

Apart from a brief sojourn at as a Junior Fellow at Dumbarton Oaks, Washington in 1968–9, James Howard-Johnston spent his entire academic career at the University of Oxford. After a period as Junior Research Lecturer at Christ Church from 1966 to 1971, he was thereafter University Lecturer in Byzantine Studies and a Fellow of Corpus Christi College until his retirement almost forty years later, in 2009. In the mid 2000s he served briefly as interim President of Corpus. From 1972 to 1987 he was also passionately involved in local politics, as an Oxford City Councillor and Oxfordshire County Councillor. With his retirement from politics came a flood of publications which has continued until today.
Across his career James has cultivated a number of interests in, for example, the political and military histories of Byzantium, the Eurasian Steppe, and the Sasanian Empire ; Byzantine historiography ; medieval law and commerce ; and, perhaps above all, the history of warfare, and in particular the “world crisis” which dramatically and permanently reordered the Middle East in the course of the seventh century. Readers of James’ bibliography up to 2022, which we include at the beginning of this volume, will perceive the simultaneous cultivation of all these interests, but also a growing preoccupation with the seventh century, which intensified from the 1990s and then culminated in two masterpieces of scholarship produced in his retirement—or, as James would say in typical self-depreciating style, his “defunctitude”. The first, Witnesses to a world crisis, represents a distillation of many years of careful rumination on the diverse sources for seventh-century political history, and a profound reflection on the rise of Islam and the Arab conquests. The second (for which Witnesses is in many ways the prequel), The last great war of antiquity, stands now as the first full history of the final conflict of the Roman and Iranian Empires, a grand topic of which James has long been the recognised master.

ISBN 978-2-916716-87-9. 120.00 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XXV/2 – TRAVAUX ET MEMOIRES, Inventer les anges de l’Antiquité à Byzance | édité par Delphine Lauritzen, Paris 2021.

Le présent volume s’inscrit dans le paysage aux contours depuis longtemps bien dessinés et, d’aucuns diront, aux sentiers très fréquentés de l’angélologie. Les anges sont inépuisables ; aussi n’avons-nous pas cherché à produire une « somme théologique » à leur propos. Notre but est de proposer un parcours, tout au long de ces siècles qui mènent de l’Antiquité à Byzance, afin de capter, au moment où la figure de l’ange émerge et s’affirme, les multiples facettes qui contribueront à fixer son identité. L’idée de l’ange est tout sauf univoque. Sa représentation également. En complément du duo associant « conception » et « représentation », il nous a semblé intéressant de mettre l’accent sur un troisième terme : la « perception ». L’approche du phénomène angélique ne saurait en effet s’en tenir au rationnel, tel que le revendique l’exégèse de la pensée ou de l’image. D’autres voies cognitives plus souples, plus imaginatives, s’ouvrent grâce à l’attention portée à une réalité riche de nuances et de significations. C’est bien d’une invention au sens plein du terme dont il s’agit. L’ange ne peut s’expliquer sur le seul mode du syncrétisme. Il ne suffit pas de retracer, dans les textes, les monuments et l’iconographie, les modalités selon lesquelles les anges bibliques – vétéro- et néotestamentaires –, au contact de leurs homologues issus de la culture gréco-romaine et des autres civilisations du pourtour méditerranéen, se seraient pour ainsi dire fondus en eux, produisant une sorte de créature kaléidoscopique, daimôn aux ailes teintées de judaïsme, de gnose et de manichéisme, féru de néoplatonisme, ou, cédant à des tentations exotiques, allant jusqu’à s’aventurer du côté du mazdéisme et plus loin encore. L’ange chrétien est hybride ; mais il acquiert une personnalité unique, dont la force se mesure à l’aune de sa postérité.

ISBN 978-2-916716-84-8. 95.00 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XXV/1 – TRAVAUX ET MEMOIRES, Le monde byzantin du XIIIe au XVe siècle anciennes ou nouvelles formes d’impérialité | édité par Marie-Hélène Blanchet & Raúl Estangüi Gómez, Paris 2021.

La période dont traite ce volume est encadrée par deux chutes, celle de 1204 et celle de 1453. Ces événements retentissants ont polarisé l’attention des historiens, suscitant des études nombreuses qui sont allées, pour certaines, jusqu’à mettre en doute la pérennité de l’Empire byzantin après 1204, en considérant ces deux siècles et demi comme l’épilogue d’une longue histoire impériale. La prise de Constantinople par les croisés en 1204 a, de fait, ouvert une période marquée par des crises multiples, que la conquête de la capitale en 1261 par la dynastie des Paléologues n’a pas résolues, tandis que d’autres périls se sont surajoutés : rivalités avec d’autres puissances régionales (en Épire, en Bulgarie, en Serbie, dans le Péloponnèse), prosélytisme de l’Église latine d’un côté et conversions à l’islam de l’autre, chute des rendements agricoles, bouleversements démographiques suscités par l’irruption de la peste noire ou l’arrivée de nouvelles populations turques acculées par l’expansion mongole… La conquête ottomane de Constantinople en 1453 a ainsi pu apparaître comme la conséquence logique d’un long processus d’affaiblissement entamé au début du XIIIe siècle.

ISBN 978-2-916716-83-1. 95.00 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XXIV/2 – TRAVAUX ET MEMOIRES, Paris 2020.

Ce fascicule composé de deux gros dossiers renoue avec la configuration traditionnelle des Travaux & mémoires. Les numéros monographiques, tels qu’ils ont été publiés depuis 2002, vont désormais alterner avec des volumes comportant deux ou plusieurs dossiers, éventuellement aussi des varia. Conformément à la conception énoncée dès le premier numéro par Paul Lemerle, la priorité sera accordée aux mémoires dépassant les dimensions d’un article, notamment aux éditions de textes. À partir de 2022, une seule parution par an redeviendra la règle et la publication en deux fascicules une rare exception.
Le principal dossier de ce fascicule, consacré à la période du second iconoclasme et du « Triomphe de l’Orthodoxie », a souffert des malheurs du temps (qui sont aussi à l’origine du retard pris par le volume dans son ensemble). Des contributions prévues n’ont pas abouti et un dossier complémentaire sur le même sujet sera publié dans les Travaux & m.moires 27, 2023. Les collègues souhaitant participer à ce dossier sont invités à m’adresser leurs propositions et textes qui seront examinés par la rédaction.
Ce fascicule, comme beaucoup de nos publications, a bénéficié de la collaboration de Clive Sweeting pour la révision stylistique des textes anglais. Son nom est souvent cité dans les remerciements des volumes antérieurs. Clive est décédé du cancer le 4 octobre 2020. Nombre de textes publiés ici, revus par ses soins, portent la marque de son fin sens du style et sa parfaite maîtrise du vocabulaire théologique ; son excellente connaissance du grec était un grand atout dans la révision des traductions. Clive corrigeait toujours à la main et je suis devenu expert en déchiffrement de ses notes, portées au stylo lorsqu’il considérait la correction comme indispensable et au crayon lorsqu’il la voyait comme facultative. Les Travaux & m.moires ont perdu un collaborateur précieux, aussi savant qu’efficace, dont je salue ici la mémoire. Une notice nécrologique retraçant son parcours lui sera consacrée dans l’annuaire de Merton College, son alma mater, The Postmaster.
M. Stepan Stepanenko, MA et désormais PhD, a repris avec verve la tâche de la révision, particulièrement lourde dans ce fascicule où aucun des textes publiés en anglais n’a été rédigé par un anglophone, et au nom des auteurs qui en ont bénéficié je lui exprime notre reconnaissance.

Constantin Zuckerman

ISBN 978-2-916716-82-4. 95.00 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XXIV/1 – LE LIVRE MANUSCRIT GREC : écritures, matériaux, histoire | édités par Marie Cronier et Brigitte Mondrain, Paris 2020.

Le titre de cet ouvrage, Le livre manuscrit grec : écritures, matériaux, histoire, suggère diverses facettes que peuvent aborder des recherches menées sur les manuscrits écrits en grec, à Byzance et dans l’après-Byzance : l’attention prêtée aux aspects matériels a pour but de mieux comprendre et d’éclairer l’histoire de l’écriture et l’histoire du livre en tant qu’objet, dans ses composantes paléographique et codicologique, mais également l’histoire des textes et de leur transmission, l’histoire de la culture et, tout simplement, l’histoire. Ce sont ces aspects variés qu’illustrent les 41 contributions réunies dans le volume.
Le sous-titre de l’ouvrage, Actes du IXe Colloque international de Paléographie grecque, le place dans une lignée. Lorsque le premier colloque de paléographie grecque s’est tenu à Paris en octobre 1974, à l’instigation de Jean Irigoin, qui avait réuni autour de lui Jacques Bompaire, spécialiste de diplomatique byzantine, et Jean Glénisson, directeur de l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT), ses organisateurs n’imaginaient alors pas qu’ils posaient les premières pierres de ce qui allait devenir, à partir de 1983, un rendez-vous réunissant tous les cinq ans la fine fleur des chercheurs travaillant dans le domaine de la paléographie grecque, byzantine et post-byzantine. Ce colloque, qui n’avait pas de numéro d’ordre, et ses actes, La paléographie grecque et byzantine, ont fait date ; ils sont restés insurpassés car ils ont posé en les rassemblant des jalons scientifiques et méthodologiques nouveaux. La recherche sur les livres manuscrits grecs n’en a pas moins continué de progresser et de se développer dans diverses directions, qui sont pour une part moins strictement paléographiques ou qui, du moins, font intervenir des composantes autres. Depuis l’invention de la « paléographie grecque » par Bernard de Montfaucon qui a créé la discipline avec un ouvrage mémorable en 1708, le terme de paléographie recouvre de fait une réalité bien plus large que la stricte étude des écritures, et le champ d’enquête des écritures ne se limite pas aux livres et documents ; il s’attache à tous les emplois de l’écriture et, dans les manuscrits, analyse les différents éléments constitutifs de l’objet livre, ce qui relève de la codicologie, selon la dénomination heureuse suggérée par Alphonse Dain et qui s’est très vite imposée à tous les chercheurs dans le domaine du livre. Analyser le manuscrit grec dans les modalités techniques de sa fabrication et aussi dans les usages qui en ont été faits, de manière contemporaine ou plus tardive, sa lecture, ses annotations, son dépeçage même et sa réutilisation pour copier un nouveau livre ou pour en tirer une édition imprimée, sa reliure, ses cotes ou estampilles, sont des éléments de l’enquête qui s’impose au chercheur. Le recours à de nouvelles technologies peut constituer naturellement une contribution déterminante dans cette enquête. Mais, comme ce volume l’illustre aussi, l’histoire des textes, qui se fonde de plus en plus sur une combinaison harmonieuse entre paléographie-codicologie et philologie, bénéficie de l’apport des données matérielles et intellectuelles fournies par l’étude précise des manuscrits qui transmettent les textes, antiques, médiévaux et modernes – ce qui explique la part non négligeable que prennent des contributions philologiques dans un volume consacré aux manuscrits. De l’examen, dans une approche originale, des usages du grec faits par des non-Grecs, voire de l’utilisation de l’alphabet grec pour la mise en œuvre d’une autre écriture, à la présentation de documents, de fonds méconnus, et à la découverte de fragments d’œuvres disparues grâce aux photographies multispectrales, en passant par l’analyse d’écritures particulières, l’identification du travail de scribes importants et la mise en évidence de l’activité intellectuelle de certains érudits, connus ou anonymes, en les replaçant dans leur milieu, différents champs d’investigation reflètent les lignes de force de la recherche actuelle.

ISBN 978-2-916716-81-7. 95.00 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XXIII/2 – Lire les Archives de l’Athos | édités par Olivier Delouis et Kostis Smyrlis, Paris 2019.

Ce volume réunit des études présentées lors du colloque « Lire les Archives de l’Athos » tenu à Athènes du 18 au 20 novembre 2015, ainsi que des contributions et éditions de documents supplémentaires. Ce colloque fut organisé pour célébrer les 70 ans de la collec­ tion des Archives de l’Athos, refondée par Paul Lemerle en 1945, dont l’objet est la publica­ tion des actes grecs conservés dans les monastères du Mont Athos en Grèce jusqu’en 1500. Vingt-trois volumes de cette édition ont déjà été publiés comprenant les actes de quatorze monastères, la dernière parution étant celle des Actes de Vatopédi III en novembre 2019.
Ce livre n’a pas pour objectif de faire le bilan exhaustif de l’apport de la documentation athonite à l’historiographie de Byzance. Cependant, les contributions ici rassemblées démontrent l’importance capitale des actes conservés à l’Athos pour l’étude de domaines de recherche variés, allant de l’archivistique à la société et à la culture. D’autres articles et éditions d’archives modernes rendent hommage aux savants de diverses nationalités qui, depuis le xixe siècle, ont contribué de façon remarquable à l’avancée de notre connaissance du corpus documentaire athonite. Une dernière partie du volume est dédiée aux corpus d’actes écrits dans d’autres langues que le grec, qui demeurent aujourd’hui insuffisamment connus et utilisés par la communauté internationale des byzantinistes.
Le colloque « Lire les Archives de l’Athos », organisé par Olivier Delouis, Raúl Estangüi Gómez, Christophe Giros, et Kostis Smyrlis, a bénéficié de l’appui de l’École française d’Athènes et du Musée byzantin et chrétien d’Athènes, qui ont généreusement mis leurs locaux à notre disposition. Le Laboratoire d’excellence « Religions et sociétés dans le monde méditerranéen » (RESMED, Sorbonne Université) a apporté un important concours financier. Par ailleurs, notre manifestation a été honorée de la présence de représentants du Patriarcat œcuménique de Constantinople et de la Sainte Communauté de l’Athos. Que tous soient ici remerciés.
Nous voudrions enfin exprimer notre gratitude à Paule Pagès pour sa contribution décisive à la préparation de ce volume, ainsi qu’à Marek Eby, qui a relu les articles en anglais.

ISBN 978-2-916716-68-8. 85.50 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XXIII/1 – Mélanges Bernard Flusin | édités par André Binggeli & Vincent Déroche avec la collaboration de Michel Stavrou, Paris 2019.

Depuis son Miracle et histoire dans l’œuvre de Cyrille de Scythopolis de 1983, Bernard Flusin est devenu paisiblement un auteur incontournable dans le petit monde de l’hagiographie et de l’histoire religieuse de Byzance, et bien au-delà, en contribuant au renouvellement de la discipline dont H. Delehaye avait posé les fondements voici un siècle. Ce n’est pas en un jour qu’on en arrive là, et plus d’une centaine de publications sur des sujets éminemment variés sur presque quarante ans l’expliquent à l’envi. Approche littéraire, étude des manuscrits, étude des transmissions textuelles, histoire des objets comme les reliques et les icônes autant que des thèmes littéraires et des convictions religieuses, c’est en effet toute la chaîne des possibilités d’études des sources que B. Flusin a su exploiter, et son début de carrière à l’Institut de recherche et d’histoire des textes a achevé de le convertir à une approche des textes par les détails de leur transmission dans les manuscrits et de leur circulation dans les traditions de l’Orient chrétien, en particulier géorgienne et syriaque, toujours riche de sens pour qui sait les scruter. Progressivement, le focus initial sur le monachisme et l’hagiographie de la Palestine tardo-antique s’est élargi vers l’époque mésobyzantine et à tout l’empire, avec même une incursion jusqu’en 1453 avec Doukas, couvrant ainsi tout le millénaire byzantin ; peu à peu, c’est une perspective proprement impériale et constantinopolitaine qui se dégage, embrassant le Synaxaire et le Typikon de la Grande Église. Elle trouve son aboutissement logique dans l’imminente publication du De cerimoniis, qu’il lui revenait de mener à son terme, tâche géante qui avait jusqu’ici découragé les byzantinistes au point de s’en remettre pour l’essentiel à l’édition reiske du xviii e siècle et aux commentaires de Bury au début du XXe. De la Grande Laure de Sabas et d’anastase le Perse à la Constantinople de Constantin VII Porphyrogénète, la route est longue, mais fructueuse – l’un de ses derniers articles sur les histoires édifiantes liées à la constantinople de Constantin VII résume bien cette généalogie qui relie l’histoire édifiante de la haute époque à ses avatars proprement médiévaux trop rares, mais précieux, dans un jeu constant entre le même et l’autre qui résume le rapport complexe de Byzance à son propre passé. c’est naturellement aussi que B. Flusin fut convié à rédiger sur l’histoire religieuse de Byzance des synthèses qui restent des références, dans l’ Histoire du christianisme et la Nouvelle clio.

ISBN 978-2-916716-67-1. 85.50 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XXII/2 – LE PRINCE CHRÉTIEN de Constantin aux royautés barbares (IVe-VIIIe siècle), édités par Sylvain Destephen, Bruno Dumézil et Hervé Inglebert, Paris 2018.

La conversion du monde antique au christianisme ne modifia pas la position centrale du Prince au sein de son État. Loin de remettre en cause les fondements traditionnels du pouvoir, la nouvelle religion offrit des arguments supplémentaires pour légitimer le souverain dans la mesure où il incarnait et appliquait les valeurs du christianisme dans sa vie personnelle comme dans son action publique.
Les élites chrétiennes mirent rapidement au service du pouvoir la rhétorique de la justification divine tant pour exalter le souverain que l’inviter à conformer ses actes à la parole du Christ. Dans la représentation du pouvoir par les contemporains lettrés et dans son autoreprésentation à travers les textes, les monuments et les images, le souverain assuma le modèle mis à sa disposition, quitte à en jouer pour servir les besoin de l’heure.
Après avoir abordé en 2008 la question de la christianisation du monde antique analysée dans ses aspects documentaires et régionaux, puis en 2013 celle du passage des dieux civiques aux saints patrons qui constitua moins une succession fonctionnelle qu’un hiatus dans la vie communautaire, l’université de Paris Nanterre a mené en octobre 2016 une réflexion collective, internationale et transversale sur les relations entre le Prince et le christianisme dans le contexte de l’Empire tardif et des royaumes issus de sa dislocation.
Le propos fut non seulement de mesurer l’influence de la religion dans l’idéalisation du pouvoir, mais encore d’étendre les perspectives de recherche aux principaux domaines d’exercice de l’autorité suprême. L’image du Prince se refléta en effet dans ses rapports avec les élites et avec les marges, avec les fidèles chrétiens et non-chrétiens, avec ses adversaires intérieurs et extérieurs. Entre le IVe et le VIIIe siècle, la notion de Prince chrétien constitua peut-être moins une donnée du réel qu’un revendication à illustrer et à défendre.

ISBN 978-2-916716-66-4. 85.50 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XXII/1 – Constantinople réelle et imaginaire, autour de l’œuvre de Gilbert Dagron, Paris 2018.

Le présent volume est dédié à la mémoire de Gilbert Dagron. Il est en grande partie issu du colloque, homonyme du volume, qui s’est tenu à Paris en mars 2017 et dont les communications ont fait écho aux thèmes de l’œuvre de Gilbert Dagron selon le fil rouge de la capitale byzantine qui y tient une place centrale. Ses amis et admirateurs en ont parcouru après lui les rues et les places, les bureaux du Palais ou de ses tribunaux, les églises et les monastères, explorant à la suite les idées comme les réalités de Byzance et son rayonnement par-delà les mers.

ISBN 978-2-916716-65-7. 85.50 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XXI/2 – Autour du Premier humanisme byzantin & des Cinq études sur le XIe siècle, quarante ans après Paul Lemerle, édité par Bernard Flusin & Jean-Claude Cheynet, Paris 2017.

Le colloque « À la suite de Paul lemerle : l’humanisme byzantin et les études sur le xie siècle quarante ans après », qui a eu lieu à Paris du 23 au 26 octobre 2013 et dont le volume que voici est issu, a été organisé avec l’aide du Collège de France, de l’Institut universitaire de France, de l’UMR Orient et Méditerranée et de l’université Paris-Sorbonne. l’idée de réunir un colloque, ou plutôt deux colloques parallèles autour de deux œuvres majeures de Paul lemerle, Le premier humanisme byzantin, et les Cinq études sur le XIe siècle byzantin, est venue pour nous deux de constatations communes. Il s’agissait de rendre hommage à celui qui, par son enseignement, par ses travaux, par ceux aussi de ses élèves, par les institutions qui lui doivent leur naissance, a façonné les études byzantines en France telles que nous les connaissons. Il s’agissait aussi, pour tous deux, de l’expérience d’un enseignement, historique ou philologique, qui s’était appuyé pendant plusieurs décennies sur ces œuvres. Étaient-elles encore actuelles ? Quels correctifs leur apporter ? Comment, au cours des quarante ans et plus qui s’étaient écoulés, les questions évoquées dans ces deux ouvrages fondamentaux avaient-elles évolué ? Il n’a pas été difficile de trouver, à l’étranger ou en France, des collègues qui, familiers eux aussi avec l’œuvre si influente de Paul lemerle, ont accepté de nous rejoindre à Paris dans les locaux du Collège de France, et d’apporter leur contribution à cet hommage et à cette recherche.
Peu de livres ont eu et ont encore, pour les études byzantines, peut-être surtout littéraires, autant d’importance que Le premier humanisme byzantin. Pour ouvrir ce maître livre, qu’il publie en 1971, Paul lemerle, avec la clarté qui lui est habituelle, pose la question à laquelle il va apporter ses réponses : « Quant au problème lui-même […] une simple constatation suffit à en indiquer la nature et l’importance : on a copié très peu de manuscrits grecs, et peut-être aucun manuscrit littéraire, depuis le vie, sinon le ve siècle, jusqu’au ixe ; tout a failli périr, et beaucoup en effet a péri ; ce que nous possédons a été sauvé aux ixe-xe siècles à Byzance, par Byzance. Pourquoi ? Comment ? Pour tenter de répondre, c’est d’abord de cette interruption de la culture hellénique pendant plusieurs siècles qu’il faut prendre exactement conscience. »
On voit ainsi, derrière le rôle attribué à Byzance dans l’histoire générale de la culture, se profiler la grande silhouette de la « culture hellénique », qui a failli disparaître, et que la « première renaissance » qu’il entend étudier – sans laquelle la « deuxième renaissance » n’aurait pu voir le jour – a sauvée. la question rejoint presque l’histoire des textes et la courbe générale de l’histoire culturelle à Byzance se modèle explicitement sur celle de la production des manuscrits : tarissement dès le vie siècle, en particulier pour les « manuscrits littéraires », renouveau à partir du ixe. On voit se former avec toute sa netteté et sa puissance la périodisation qui gouverne le livre : les siècles obscurs marquent unecésure, puis, au ixe siècle, vient la renaissance, tandis que le xe siècle, soupçonné d’avoir fait périr des textes autant qu’il en a sauvé avec ses « entreprises encyclopédiques », marque la fin de cette première renaissance et fournit un terme légitime parce que ces entreprises « correspondent déjà à d’autres besoins et à une autre mentalité ».
« Premier humanisme », « première renaissance », cette dernière s’opposant à la « deuxième renaissance » byzantine, celle des Paléologues, qui alimentera à son tour la Renaissance occidentale : on peut se demander quel sens exact le grand historien a donné à ces termes. Il choisit sur ce point de rester dans un certain flou : « Je n’ignore pas les débats […] sur les termes d’“humanisme” et de “renaissance”, et sur l’ambiguïté de ces concepts. Sans entrer dans cette discussion, j’emploie ces mots dans leur sens commun et dans leur acception large, parce qu’il est difficile de s’en passer et parce qu’ils évoquent bien l’originalité que, dans sa précocité, Byzance présente en face de l’Occident. » les concepts employés, comme aussi celui d’encyclopédie, ont ainsi deux versants : d’un côté, ils renvoient à l’histoire de la culture en Occident, à laquelle ils sont empruntés, de l’autre, ils s’élargissent à Byzance, à laquelle ils sont appliqués, mais dont on revendique l’originalité. la référence à l’Occident, à sa Renaissance et à son humanisme, présente à l’arrière-plan, est visible dans l’importance accordée aux textes ou quand le « domaine par excellence de l’humanisme » est défini comme « celui de la philologie ». Et peut-être cette référence occidentale à une certaine idée de l’humanisme est-elle l’un des facteurs qui conduisent lemerle à écarter de la recherche les textes proprement chrétiens pour se concentrer sur le savoir et la culture profanes.
la puissance de la démarche et la clarté de la construction que propose Paul lemerle dans son grand livre ont contribué et contribuent encore à dessiner, ou même à imposer avec une autorité impérieuse, l’image que nous nous faisons de Byzance et de sa culture. Mais nous savons bien que l’importance d’une œuvre se mesure, autant qu’aux résultats qu’elle expose, à la fécondité des voies qu’elle ouvre et des recherches qu’elle suscite. C’est dans cet esprit qu’ont été conçus le colloque réuni autour du Premier humanisme et le présent recueil, qui en est le résultat. Presque un demi-siècle après la parution de ce livre fondamental, que sont devenues les questions qu’avait abordées Paul lemerle ? les études rassemblées ici concernent des notions, des institutions, quelques-uns des grands acteurs du renouveau culturel et des domaines où il se manifeste. le regard s’est porté aussi sur les voisins et les marges de l’Empire : Arménie, monde syrien, Sicile. la période envisagée a été limitée : alors que le Premier humanisme traitait des premiers siècles de l’Empire, ici, sauf exception, l’Antiquité tardive est laissée de côté.
Dans les contributions que nos collègues ont généreusement apportées, le lecteur pourra trouver des compléments pour des questions que Paul lemerle n’avait pas évoquées, ou sur les avancées de la recherche durant les décennies qui ont suivi la publication de son livre. Peut-être sera-t-on sensible aussi à des inflexions. les viie et viiie siècles perdent une part de leur obscurité. le début du renouveau culturel est situé maintenant avant les « premières grandes figures » auxquelles le Premier humanisme avait donné tant de relief, et ce changement est lié à la prise en compte d’autres textes que les œuvres profanes qui avaient été privilégiées. les termes de renaissance, d’humanisme, d’encyclopédie, sont considérés avec prudence et l’« originalité » de Byzance, la spécificité d’une culture où l’héritage antique se combine de façon nouvelle avec le christianisme, et dont la qualité ne se mesure pas à la fidélité à cet héritage, apparaissent peut-être avec plus de netteté.
* **
l’œuvre de Paul lemerle s’étend à toute la durée de l’Empire byzantin, ce qui la rend exceptionnelle. l’historien a toutefois privilégié l’époque des Macédoniens et de leurs épigones immédiats. Ses études sur la société rurale et les institutions macédoniennes ont profondément modifié les perspectives sur l’évolution de Byzance, contribuant à corriger l’image du xie siècle, et ont largement influencé les générations suivantes de chercheurs. le demi-siècle qui s’étend de la mort de Basile II à l’avènement d’Alexis Comnène était considéré jusqu’alors, notamment à la suite des travaux de georges Ostrogorsky, comme le début de l’irrésistible décadence de Byzance, fruit de l’accaparement par une aristocratie foncière égoïste et imprévoyante des ressources de l’État et de l’insouciance d’empereurs qui dilapidèrent les ressources de l’Empire pour leurs constructions fastueuses aux dépens de l’armée nationale des thèmes, remplacée par des mercenaires coûteux et à la fidélité incertaine. Certains chercheurs considéraient même que ce siècle témoignait d’un déclin démographique et économique de l’Empire.
Paul lemerle, par ses Cinq études et par le colloque qu’il organisa avec les meilleurs spécialistes du temps, dont plusieurs étaient ses disciples, et qu’il publia dans la série des Travaux et mémoires fondés par lui-même, a offert un état de la recherche sur l’Empire au cours du xie siècle. Il avait choisi d’arrêter le xie siècle à l’avènement d’Alexis Comnène, sauf pour le dernier chapitre « Byzance au tournant de son destin », mais certaines contributions du colloque supplémentaire incluaient le règne de ce dernier, car la coupure de 1081 est certes très importante sur le plan politique, mais se justifie moins à propos de l’évolution de l’administration, de la fiscalité et plus généralement de la société. Quarante ans après, plusieurs des cinq études gardent toute leur pertinence, celles qui portaient sur l’analyse des textes, le testament de Boïlas, la diataxis d’Attaleiatès ou du typikon de Pakourianos. De même, la réévaluation de l’œuvre des ministres réformateurs a conduit les chercheurs à approfondir certains aspects de ces innovations, comme l’ouverture « méritocratique » du Sénat. Ces dernières décennies, de nombreux travaux ont été consacrés à l’historiographie du xie siècle et à son représentant le plus éclatant, Michel Psellos, à l’évolution économique et fiscale de l’Empire, et aux transformations sociales, grâce aux progrès considérables des études prosopographiques.
les contributions de ce volume montrent le caractère stimulant des hypothèses et des conclusions émises par Paul lemerle et les participants au colloque de 1973, tout en invalidant certaines d’entre elles. Elles ne répondent pas systématiquement à celles du maître et de son équipe, car il était impossible de reprendre tous les aspects abordés alors. En revanche, elles portent sur quelques aspects un peu négligés auparavant, les rapports de l’Empire avec le monde extérieur.
le lecteur sera sans doute frappé par la différence d’appréciation sur Alexis Comnène, « faux Deus ex Machina » sous le règne duquel « l’idée même d’une armée nationale semble avoir disparu » ou « l’économie aurait été cassée » de manière irrémédiable et la société « bloquée ». Aujourd’hui, les facteurs extérieurs sont pris en compte, car Alexis Comnène fut le premier à affronter une violente attaque provenant du monde latin, celle de Robert guiscard, qui explique son retard à mener l’offensive contre les Turcs. S’il fallait faire un reproche à cet empereur, c’est de ne pas avoir montré de grandes compétences militaires, sinon de l’obstination à refaire ses forces. le mercenariat, qui progressa principalement sous les grands empereurs militaires, n’est plus rendu responsable des échecs impériaux. l’économie n’a pas été affectée aussi fortement et durablement par les dévaluations et le traité avec Venise. En résumé, comme le rappelait Paul lemerle, il ne faut pas « se représenter Byzance comme immuable », mais ses mutations sont moins rapides que le contraste proposé entre un premier demi-siècle d’essor et de prospérité opposé à un troisième quart où, « en quelques années, tout chancelle ».

Jean-Claude Cheynet / Bernard Flusin

ISBN 978-2-916716-64-0. 85.50 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XXI/1 – Οὗ δῶρόν εἰμι τὰς γραφὰς βλέπων νόει / Mélanges Jean-Claude Cheynet, édités par Béatrice Caseau, Vivien Prigent et Alessio Sopracasa, Paris 2017.

Pour leur savoir et leur enseignement, nous louons toujours les maîtres ; mais qui dira ce que les maîtres doivent à leurs disciples ? Dois-je avouer que je suis fière parce que mon premier élève en Sorbonne (c’était en 1967) fut Jean-Claude Cheynet ? À propos des mouvements de sédition fomentés par des étrangers, je lui avais alors demandé de traduire et de commenter le terme « ethnikos » mentionné dans le Stratégikon de Kékaumenos. Qui aurait pu prévoir, quelques années plus tard, quand Jean-Claude Cheynet commençait sa thèse d’État sur « Milieux et foyers de perturbations dans l’Empire byzantin (963-1210) », qu’il deviendrait le spécialiste incontesté de l’histoire mouvementée de la société byzantine, ainsi que le meilleur connaisseur de l’administration complexe mais efficace de l’Empire de Byzance ? Il y a réussi en se penchant sur la source quasi unique qui permet de connaître et d’éclairer cette question : les sceaux byzantins. Jean-Claude Cheynet, qui a succédé au maître incomparable de cette discipline, Nicolas Oikonomidès, reste aujourd’hui l’un des très rares défricheurs des secrets de la sigillographie byzantine. Mais pourquoi parler seulement de l’apport de Jean-Claude Cheynet à la connaissance de la société byzantine et de son évolution, quand l’étendue de ses travaux (près de deux cents titres de livres et d’articles) montre l’éventail impressionnant de ses intérêts ? Ceux-ci concernent tous les aspects de la vie de Byzance et cela pendant toute la durée de cet empire millénaire. Jean-Claude Cheynet fait ainsi partie d’une espèce rare, celle des « byzantinistes complets ». Il connaît Byzance comme l’on connaît une personne aimée que l’on a fréquentée longtemps sans jamais être déçu. Il sait les rouages de l’administration, les méthodes de la diplomatie, les attitudes des dirigeants comme celles des simples citoyens du menu peuple ; il déchiffre les enjeux et les dangers de la politique étrangère, les relations avec l’Église et avec son clergé supérieur ; bref, il connaît Byzance de l’intérieur comme s’il y avait vécu. L’Empire byzantin n’a pas de secrets pour cet érudit passionné et passionnant. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’il ait su transmettre cette passion aux nombreux élèves qu’il a eus pendant sa longue et fructueuse carrière de professeur à la Sorbonne. Il est aussi symptomatique que Jean-Claude Cheynet n’ait pas hésité à consacrer du temps et des efforts continus au service de la byzantinologie. Il assura la direction de laboratoires scientifiques dépendant du CNRS ; il supervisa des éditions de documents, des études relatives aux sources historiques et fut responsable de revue ; enfin, il dirigea les thèses de jeunes byzantinistes qui continuent aujourd’hui son œuvre. En un mot, c’est un collègue estimé, un maître aimé et un savant accompli. La place de Jean-Claude Cheynet dans la hiérarchie du petit monde des byzantinistes (Roberto S. Lopez nous estimait un millier dans le monde) se trouve au sommet et y restera longtemps.

Hélène Ahrweiler

ISBN 978-2-916716-63-3. 85.50 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XX/2 – Mélanges Catherine Jolivet-Lévy, Paris 2016.

Catherine Jolivet-Lévy a été l’étudiante d’Anatole Frolow qui fut mon prédécesseur à la chaire d’art byzantin de l’université Paris 1. À la mort de ce dernier, je fus appelé à le remplacer en compagnie de Pauline Donceel-Voûte qui fut, peu après, choisie comme directrice de l’Institut néerlandais d’Istanbul et démissionna de son poste. Catherine me parut toute désignée pour la remplacer, d’autant que nos champs d’activité, l’archéologie de l’Antiquité tardive de mon côté, l’histoire de l’art de Byzance du sien, se complétaient parfaitement. Ainsi commença une collaboration pédagogique et scientifique qui fut efficace et harmonieuse car elle était fondée sur le recours aux documents, leur insertion dans leur contexte historique, culturel et souvent liturgique, ainsi que sur une méfiance commune des a priori stylistiques. Sa nomination, après son habilitation à diriger des recherches en 1996, comme professeur à Paris 1 puis comme directrice d’études à l’École Pratique des Hautes Études (Ve section) lui permit d’assurer pleinement un rôle éminent dans la formation à la recherche de jeunes chercheurs.
Catherine avait choisi de se tourner pour sa thèse vers la peinture de Cappadoce, qu’elle centra sur le décor absidal, plongeant ainsi au cœur du système iconographique, de son programme et des intentions particulières exprimées dans tel ou tel édifice. Soutenue en 1981, sous le titre La peinture byzantine en Cappadoce. Problèmes d’ensemble et introduction à l’étude de l’iconographie absidale, elle fut publiée par les éditions du CNRS en 1991 sous le titre Les églises byzantines de Cappadoce. Le programme iconographique de l’abside et de ses abords (592 pages). L’ouvrage reçut de vifs éloges, notamment de Charles Delvoye qui signa là son dernier compte rendu, inachevé, dans Byzantion.
La Cappadoce a donc été au centre de la réflexion scientifique de Catherine, sur les traces de Guillaume de Jerphanion disparu en 1948, dont elle a salué l’œuvre pionnière et dont elle a publié tout récemment, avec Nicole Lemaigre Demesnil, chez le même éditeur, une mise à jour exhaustive (La Cappadoce, un siècle après Guillaume de Jerphanion, 2015, prix Lantier de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), qui respecte les articulations de son illustre devancier tout en enrichissant de deux cent cinquante monuments nouveaux ceux qui avaient été recensés par lui. Elle participa à plusieurs missions de Jean-Michel et Nicole Thierry dans le milieu des années 70, avant de voler de ses propres ailes.
Elle a consacré beaucoup d’énergie à l’étude de cette région, qu’elle a élargie aux secteurs du Hasan Dağı (à l’ouest), de Niğde (au sud) et de Kayseri (à l’est). Elle a labouré inlassablement cet espace, initiant sur le terrain des étudiants français, mais aussi grecs et turcs, même si elle se heurta parfois à des « chasses gardées ».
Sa très large connaissance des sources bibliques et chrétiennes, ainsi que de l’iconographie religieuse du monde chrétien, lui a permis de mieux déchiffrer et d’améliorer la lecture de beaucoup de parois cappadociennes. Répertoire iconographique, cycles (comme ceux de l’Enfance de la Vierge, de l’Archange Michel), cultes locaux (saint Hiéron, saint Eustathe, ou encore saint Kèrykos), écho des cultes de la Syrie proche (stylites), sujets rares (images de l’Agneau) ont été mieux pris en compte. Sa vision du programme d’ensemble des églises, son souci de la mise en rapport des images les unes avec les autres et du choix de leur emplacement correspondent à l’approche actuelle des décors, tout comme la reconnaissance du poids des commanditaires dans ce domaine, quand ils sont mentionnés dans des inscriptions dédicatoires ou des invocations, comme dans le cas de deux églises, la Nouvelle Église de Tokalı et, surtout, le grand pigeonnier de Çavuşin où Nicéphore Phocas, représentant de l’aristocratie cappadocienne, l’impératrice Théophano et d’autres membres de la famille impériale font face à Constantin et Hélène.
Toutefois, les recherches menées depuis Jerphanion l’ont amenée à infléchir la répartition qu’il avait faite des églises cappadociennes entre églises protobyzantines, églises des IXe-XIe siècles et églises du XIIIe siècle : les églises protobyzantines sont plus nombreuses, les décors aniconiques ne semblent pas antérieurs au IXe siècle, les peintures « archaïques » correspondent en fait à l’art de la capitale, tout comme celui des églises à colonnes, et les églises du XIIIe siècle, plus abondantes, renouvellent notre connaissance des Grecs à l’époque seldjoukide.
Outre la compréhension de l’iconographie, Catherine a mené un examen minutieux des aménagements liturgiques des églises dans le sanctuaire et ses annexes, le narthex et les bas-côtés, notamment dans le cas des chapelles funéraires. Surtout, elle a analysé les monuments comme des ensembles avec différentes salles et installations (salles communes, réfectoires, cellules, cuisines, pressoirs ou pigeonniers), voire la circulation des eaux dans certains ensembles. Elle a pris en compte toutes les formes d’habitat de la région, y compris les villes rupestres, tout en restant critique devant certaines interprétations récentes d’établissements comme des résidences. Enfin, elle a souligné les lourdes menaces qui pèsent sur ce patrimoine : l’érosion, les déprédations diverses et un tourisme parfois agressif.
L’apport de Catherine Jolivet-Lévy à l’étude de la Cappadoce, dont font partie certaines recensions magistrales, est donc considérable. Elle a aussi contribué à décloisonner les décors de cette province pour les insérer dans les courants de l’art byzantin et plus largement chrétien oriental.
La récipiendaire de ces Mélanges a été de fait active sur tous les aspects du patrimoine byzantin dans d’autres régions de Turquie, sur la peinture constantinopolitaine du XIIIe siècle et ses contacts avec l’Occident, sur les fresques du XIe siècle subsistant dans la basilique orientale de Xanthos et sur les constructions arméniennes dans l’est du pays comme l’église d’Aght‘amar. Hors des frontières turques, elle a accompli des missions sur les peintures rupestres de Crimée, a publié sur les peintures chypriotes (Saint-Néophyte), sur les décors peints et en mosaïque de Grèce et a tout récemment participé à un livre sur les peintures de San Filippo di Fragalà en Sicile (sous presse aux éditions de l’École française de Rome). Sa connaissance des manuscrits, des ivoires, des tissus coptes et des icônes est aussi attestée dans beaucoup de ses travaux.
Plusieurs manuels et ouvrages généraux, rédigés par elle seule ou en collaboration, témoignent enfin de sa maîtrise de l’ensemble de l’art byzantin et de la place de celui-ci dans l’art médiéval. Professeur exemplaire, elle a su former une relève de chercheurs et d’enseignants dont les apports sont déjà très substantiels.
La lecture de sa bibliographie jointe à cette notice et les contributions qui suivent illustrent l’éclatant apport de Catherine Jolivet-Lévy à l’étude de l’art chrétien du monde balkanique et oriental.

Jean-Pierre Sodini
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

ISBN 978-2-916716-62-6. 85.50 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XX/1 – Mélanges Jean Gascou, Paris 2016.

Peu de personnes auront marqué aussi profondément la papyrologie des époques byzantine et arabe que le récipiendaire de ce volume. Aussi ses collègues et élèves ont-ils répondu sans hésiter à notre appel pour rendre hommage, à travers le présent volume, à une œuvre dont ils se sentent tributaires et qui ne cesse de stimuler les nouvelles générations.
Jean Gascou a beau d’être l’inventeur d’un « modèle », il s’est avant tout exprimé à travers l’édition de papyrus, qu’il a toujours ressentie comme un stimulus nécessaire au développement d’une pensée ferme et rigoureuse cherchant à éviter les séductions des synthèses faciles et des rapprochements factices de données en réalité hétérogènes. Cet hommage se devait donc d’être avant tout un recueil d’éditions de papyrus. Nous avons pu tenir ce cap, même si certains collègues dont la présence était souhaitée ont préféré contribuer par un essai, sans jamais néanmoins rompre totalement les liens avec la documentation papyrologique.
Le risque d’hétérogénéité qu’encourt tout volume de mélanges est ici conjuré par l’unité thématique qui découle des limites chronologiques et géographiques que nous lui avons imposées et qui reflètent celles de l’œuvre de Jean Gascou : l’Égypte byzantine et arabe – même si quelques incursions en dehors de cette province confirment cette règle éditoriale et rappellent que notre « mélangé » s’est aussi intéressé à d’autres périodes (la fin du Haut-Empire) et à d’autres régions (notamment le Proche-Orient qu’il a fréquenté avec de plus en plus d’assiduité ces deux dernières décennies). C’est aussi la raison pour laquelle certains collègues proches de Jean Gascou, mais travaillant sur d’autres périodes, n’ont pu contribuer à ces mélanges. Nous nous excusons auprès d’eux d’avoir été d’une rigueur inflexible qui, loin d’être une entorse à l’amicitia papyrologorum, ne visait qu’à produire un ouvrage homogène qui reflète le mieux possible les préoccupations du récipiendaire.
Homogène ne veut pas forcément dire « monolingue ». On verra que toutes les langues pratiquées à grande échelle dans l’Égypte de l’Antiquité tardive et du haut Moyen-Âge y sont représentées dans toute leur diversité : grec, latin, copte, arabe. Nous avons souhaité ce mélange : il correspond aux intérêts de Jean Gascou, qui a pratiqué l’édition de papyrus dans ces quatre langues ; il acte surtout une tendance de la papyrologie qui refuse désormais tout enclavement linguistique, comme en témoignent les sessions de nos congrès consacrées à d’autres formes de papyrologie et l’émergence d’une nouvelle génération de papyrologues de plus en plus rétive à se laisser enfermer dans une documentation monolingue.
L’autre risque auquel s’exposent des mélanges qui prennent la forme d’un volume d’éditions est la disparité qualitative des papyrus. Il n’est pas toujours facile d’échapper aux « rogatons » ou aux « fonds de tiroir » dans ce type de publications, surtout à une époque où les mélanges scandent nos vies de chercheur à un rythme de plus en plus frénétique. C’est au lecteur de décider si ce danger a été ici évité. Mais, pour notre part, nous en sommes convaincus et nous souhaitons exprimer notre reconnaissance aux contributeurs pour le grand intérêt des pièces qu’ils ont accepté de livrer au public. Cette haute qualité des textes est finalement le meilleur indice de l’admiration et la gratitude de la communauté papyrologique pour l’œuvre de Jean Gascou.
Nous tenons enfin à remercier Constantin Zuckerman d’avoir accueilli ce volume dans la collection des Travaux & Mémoires qu’il dirige et Emmanuelle Capet qui s’est acquittée avec acribie et élégance de la relecture et de la mise en pages de ce volume. Nous devons également à celle-ci la bibliographie liminaire de Jean Gascou et les index grec et latin qui clôturent cet ouvrage. Nous remercions aussi Naïm Vanthieghem qui a bien voulu s’occuper de l’index arabe ainsi qu’Anne Boud’hors et Esther Garel qui ont finalisé l’index copte.

Jean-luc Fournet
Arietta Papaconstantinou

ISBN 978-2-916716-59-6. 85.50 €

Voir la préface, résumés et la table des matières ici

Tome XIX – Studies in Theophanes, edited by Marek Jankowiak & Federico Montinaro, Paris 2015.

This book presents the proceedings of the conference “The Chronicle of Theophanes : sources, composition, transmission,” organized by the editors in Paris in September 2012. The first section of the volume is devoted to the question of the authorship of the Chronicle, raised by C. Mango almost forty years ago. The second section is devoted to issues of transmission, both direct (manuscript tradition) and indirect (readership, translations). The third section concerns Theophanes’ sources for early Byzantine history. A separate section hosts papers by some of the major actors in the current debate on Theophanes’ Eastern source. The last section of the book deals with the later part of the Chronicle and with its sources.

ISBN 978-2-916716-58-9. 85.50 €

See Introduction and Table of Contents here

Tome XVIII – Mélanges Jean-Pierre Mahé, Paris 2014.

Le volume des Mélanges dédié à Jean-Pierre Mahé, membre de l’Institut, pour son 70e anniversaire, comporte quarante-six contributions portant sur l’histoire, la philologie, l’archéologie, l’épigraphie et l’iconographie du monde caucasien, arménien mais aussi géorgien, ainsi que sur la gnose, l’hermétisme et la patristique.

ISBN 978-2-916716-51-0. 85.50 €

Voir la table des matières ici

Tome XVII – Constructing the Seventh Century, Paris 2013.

The title of this volume could be misleading. “Constructing the 7th century” by no means implies an intellectual construction. It should rather recall the image of a construction site with its scaffolding and piles of bricks, and with its plentiful uncovered pits. As on the building site of a medieval cathedral, every worker lays his pavement or polishes up his column knowing that one day a majestic edifice will rise and that it will be as accomplished and solid as is the least element of its structure. The reader can imagine the edifice as he reads through the articles collected under this cover, but in this age when syntheses abound it was not the editor’s aim to develop another one. The contributions to the volume, regrouped in five sections, explore various aspects of institutional, political and cultural life of the century producing unpublished material and new insights on some much debated topics.

ISBN 978-2-916716-45-9. 85.50 €

Voir la préface et la table des matières ici

Tome XVI – Mélanges Cécile Morrisson, Paris 2010.

Le volume des Mélanges dédié à Cécile Morrisson, correspondante de l’Institut, pour son 70e anniversaire, comporte quarante-huit contributions portant sur la numismatique, la sigillographie, l’archéologie et l’histoire économique et sociale tant de l’Empire d’Orient de l’Antiquité tardive à la fin de la période byzantine que du haut Moyen Âge occidental.

ISBN 978-2-916716-28-2. 85.50 €

Voir la table des matières ici

Tome XV – Mélanges Jean-Pierre Sodini, Paris 2005.

Le volume des Mélanges, dédié à Jean-Pierre Sodini, correspondant de l’Institut, pour son 65e anniversaire, comporte quarante-sept contributions consacrées pour la plupart aux régions et aux sites explorés par le dédicataire. Il présente des études de différents types de matériel archéologique – sculpture, céramique et métal – ainsi que quelques descriptions littéraires de monuments.

ISBN 2-9519198-7-5. 71 €

Voir la table des matières ici

Tome XIV – Mélanges Gilbert Dagron, Paris 2002.

Le volume des Mélanges, dédié à Gilbert Dagron, membre de l’Institut, pour son 70e anniversaire, comporte quarante-sept contributions, depuis l’Antiquité tardive jusqu’aux derniers siècles de l’Empire byzantin. Il présente des textes inédits et des révisions de documents publiés, aussi bien que des études d’histoire politique, littéraire et religieuse de Byzance.

ISBN 2-9519198-0-8. 71 €

Voir la table des matières ici

Du volume 1 à 13, la série Travaux et Mémoires était diffusée par De Boccard, 11, rue de Médicis, 75006 Paris.
Voir les détails et commander les volumes 1 à 13 ici