Dipinti amphoriques

Parmi les matériels écrits livrés par les fouilles, il en est un qui a souffert d’une longue indifférence : les notations apposées sur les amphores, communément appelées tituli picti ou dipinti.
Contrairement aux tituli picti latins du Haut-Empire étudiés dès le XIXe s., ceux des amphores de la Méditerranée orientale, écrits en grec, ont été délaissés par les céramologues, qui ne peuvent pas les lire, et par les épigraphistes ou papyrologues, rebutés par les difficultés de lecture qu’ils posent et par leur caractère a priori rébarbatif.

Deux membres de l’UMR 8167 ont associé leurs compétences diverses pour étudier cette documentation : Jean-Luc Fournet, papyrologue déjà en charge de plusieurs dossiers de dipinti trouvés en Égypte (Alexandrie, Kellia, Baouît), et Dominique Pieri, céramologue, spécialiste des amphores d’époque byzantine.

L’étude du matériel d’Antinooupolis, en cours de réalisation dans le cadre de la mission archéologique de l’Istituto « G. Vitelli » (Florence), a permis de faire avancer la question en proposant un premier déchiffrement de ces inscriptions et une interprétation globale de cette documentation (J.-L. Fournet et D. Pieri, «Les dipinti amphoriques d’Antinoopolis », in R. Pintaudi, [éd.], Antinoupolis I, Istituto Papirologico « G. Vitelli », Scavi e materiali 1, Florence 2008, p. 175–216, en attendant la publication du volume consacré à cette documentation).
Il s’avère que ces dipinti, une fois déchiffrés, sont d’un grand intérêt non seulement pour la compréhension de l’organisation du commerce du vin, de l’huile et du garum, mais aussi pour l’histoire de l’écriture dans l’Orient protobyzantin (puisque provenant de régions qui n’ont guère laissé de documentation écrite à l’encre).

Une base de données informatique des dipinti protobyzantins a été mise au point ayant vocation à accueillir tout le matériel non seulement inédit, mais aussi édité, qui nécessite presque toujours une révision. L’analyse des inscriptions, associée aux données céramologiques obtenues à partir de l’étude des amphores (typologie, estimation des capacités, origine des productions et chronologie), devrait permettre de mieux comprendre les modes de commercialisation et de production.

Des missions sur le terrain ou dans les musées sont régulièrement réalisées pour accroître le corpus de ces documents et affiner leur lecture et la compréhension des données qu’ils livrent. Outre Antinooupolis, J.-L. Fournet et D. Pieri ont étudié le matériel du Musée Égyptien du Caire et du British Museum tandis que J.-L. Fournet a examiné celui du musée de la civilisation byzantine de Thessalonique et continue chaque année à étudier le matériel des Kellia (fouilles IFAO) déposé au Musée Copte et à l’IFAO.