Kerma/Doukki Gel (Soudan)

Vue du temple principal (Deffufa) de la ville antique de Kerma, © Mission Kerma-Doukki Gel / B.N. Chagny

Le site de Kerma-Doukki Gel est implanté au centre de la Nubie antique, en amont de la 3e cataracte du Nil. Il est constitué de deux ensembles urbains étroitement liés qui occupent une position stratégique le long de la vallée.
La fouille de la ville antique de Kerma, découverte en 1913 par George Reisner, a été conduite à partir de 1969 par Charles Bonnet. Ses travaux ont permis de mettre au jour une vaste agglomération kouchite s’étendant sur plusieurs hectares et qui s’est développée durant plus d’un millénaire entre 2500 av. J.-C. et 1500 av. J.-C. environ.

Les vestiges de Doukki Gel donnent lieu à des recherches systématiques depuis plus de vingt ans. Depuis le 23 février 2013, les deux sites font l’objet d’une coopération suisse-franco-soudanaise.

Jusqu’à récemment, et en dehors des bâtiments napatéens et méroïtiques, les monuments mis au jour à Doukki Gel étaient attribuables à l’époque de la colonisation égyptienne, en particulier trois temples reconstruits maintes fois du règne de Thoutmosis Ier à l’époque méroïtique, dont l’étude est en cours d’achèvement et la publication par Ch. Bonnet et D. Valbelle prévue en 2018. Il apparaît désormais que ces édifices ont été implantés sur les vestiges d’une ville nubienne antérieure, fondée durant la période Kerma et relevant d’une architecture originale jusqu’alors inconnue pour le 2e millénaire av. J.-C.

La présence d’édifices palatiaux et de sanctuaires affectant des plans ovales ou circulaires atteste le caractère cérémoniel du site primitif qui est protégé par un très puissant système de fortifications. Celui-ci vise à créer une barrière militaire infranchissable au sud de l’Égypte et marque la puissance du royaume indépendant de Kerma, et de ses alliés, face au pouvoir pharaonique.

La fouille des sites de Kerma et de Doukki Gel offre l’opportunité de suivre l’évolution d’un royaume qui a su mettre en place des réseaux d’échanges et établir des contacts militaires stratégiques avec les régions voisines d’Afrique centrale.

L’analyse d’un nouveau type d’architecture, les études conduites sur le mobilier et les recherches épigraphiques ont pour but d’appréhender l’évolution du site, tant sur le plan historique qu’urbanistique.