Révéler le potentiel méconnu des sceaux : nouvelles méthodologies pour la recherche historique dans le domaine des études byzantines

Au regard du monde occidental, Byzance souffre d’un déficit de sources documentaires que peuvent seuls pallier les sceaux originellement appendus aux documents. Conservés en grand nombre, ils offrent une manne d’informations, objet des recherches en sigillographie. Leur dispersion et l’absence de normes unifiées pour leur publication ont néanmoins entravé l’exploitation de leur potentiel pour les études byzantines. Ce projet franco-allemand se donne pour but de mettre à profit les nouveaux outils et compétences numériques pour pallier cette situation et entamer une transformation de la sigillographie byzantine à même d’entraîner un renouvellement de nos connaissances.

Le cœur du projet consiste en l’édition scientifique et la publication de quatre collections majeures : l’équipe française travaillera sur des collections patrimoniales conservées en France (coll. Zacos, coll. IFEB) et en Tunisie (coll. Carthage), tandis que l’équipe allemande travaillera sur une collection privée conservée en Allemagne (coll. Feind), le tout rassemblant environ 4000 sceaux, qui feront l’objet d’une analyse historique et sigillographique approfondie : chaque sceau sera étudié en tant qu’objet spécifique, au moyen d’une édition individuelle, tandis qu’un certain nombre d’études historiques thématiques sera mené sur l’ensemble de ce corpus. En plus de cela, l’équipe française réalisera une « conversion » numérique d’importantes collections privées (ou anciennement privées) déjà publiées sur papier (coll. Seyrig, coll. Tatış).

L’encodage de ces collections s’appuiera sur le travail déjà effectué par l’équipe pour développer un « standard » XML-TEI pour les sceaux (SigiDoc), qui sera testé en fonction des exigences spécifiques de chacune des quatre collections.

L’édition des sceaux sera renouvelée et enrichie grâce à l’utilisation de la Reflectance Transformation Imaging (RTI) à la mise à profit d’informations externes – telles que les géodonnées – et à l’intégration de chaque sceau aux autres ressources numériques sous forme de Linked Open Data. Enfin, en tant que but ultime, le projet entend développer un portail sigillographique centralisé pour permettre l’exploration simultanée de ces collections.

Le projet répondra au problème de la pérennité des ressources numériques de deux manières : par l’hébergement conjoint des ressources produites par l’infrastructure Huma-Num et le Data Center for the Humanities (DCH – Cologne), qui fait partie de la Nationale Forschungsdateninfrastruktur (NFDI), et, plus important encore, par le développement de la circulation des connaissances.

En effet, le transfert coordonné des connaissances est considéré de la plus haute importance dans le cadre de ce projet : les équipes travaillerons avec les conservateurs pour leur permettre, à l’aide des outils numériques développés dans le cadre du projet, de gérer leurs collections et de les rendre accessibles à un public plus large. Et elles formeront les chercheurs, les conservateurs et les étudiants à l’utilisation de ces mêmes outils pour leurs propres publications, qui pourront être consultées à travers le portail sigillographique centralisé. Ainsi, ces nouvelles méthodes et compétences contribueront au renouvellement des études byzantines.