Le Ribât de Tît (Maroc)

Présentation :

Située à une douzaine de km au sud d’El Jadida sur la côte atlantique, la commune aujourd’hui dénommée Moulay Abdallah Amghar abrite les vestiges de l’un des plus célèbres ribâts (lieu de retraite spirituelle) du Maroc médiéval : Tît-n-Fitr (ou plus couramment : Tît). Le site reçoit chaque année des dizaines de milliers de visiteurs et de pèlerins, dans le cadre d’une manifestation religieuse et culturelle annuelle (moussem) parmi les plus importantes du pays tout entier. Fondé par les Amghâriyîn ou Banû Amghâr, puissante famille de saints, cette implantation religieuse a joué un rôle important dans la diffusion du soufisme au Maghreb extrême à partir du XIIe siècle.

Vue partielle de l’intérieur de la porte de Bâb Qiblî dans son état actuel

C’est durant la même période que le site connaît une phase de construction remarquable. Divers monuments remontant à cet état médiéval subsistent encore, même s’ils sont très restaurés : c’est le cas de l’enceinte de l’agglomération et de ses portes. De cet ensemble monumental se détachent deux minarets dont le décor rappelle celui des grandes mosquées impériales de l’époque almohade (deuxième moitié du XIIe siècle).

Malgré son importance historique et l’état de conservation de ses vestiges, le Ribât de Tît n’a jusqu’ici donné lieu qu’à une étude réalisée par Basset et Terrasse, qui se fondait sur une enquête de terrain relativement sommaire (cf. Basset, Terrasse, Sanctuaires et forteresses almohades, 1932, rééd. 2001). Depuis lors, ce site médiéval, en grande partie inédit, fragilisé par l’action conjuguée des hommes et du climat et soumis à la pression de l’extraordinaire engouement des centaines de milliers de pèlerins qui s’y pressent en masse chaque année, n’a cessé de se dégrader, malgré les interventions ponctuelles censées enrayer une disparition programmée.

Observations dans les tranchées d’un lotissement en construction

Malgré son importance historique et l’état de conservation de ses vestiges, le Ribât de Tît n’a jusqu’ici donné lieu qu’à une étude réalisée par Basset et Terrasse, qui se fondait sur une enquête de terrain relativement sommaire (cf. Basset, Terrasse, Sanctuaires et forteresses almohades, 1932, rééd. 2001). Depuis lors, ce site médiéval, en grande partie inédit, fragilisé par l’action conjuguée des hommes et du climat et soumis à la pression de l’extraordinaire engouement des centaines de milliers de pèlerins qui s’y pressent en masse chaque année, n’a cessé de se dégrader, malgré les interventions ponctuelles censées enrayer une disparition programmée.

Orthophotographie et analyse stratigraphique du profil d’une tranchée

Le travail entrepris depuis 2012 ouvre de nouvelles perspectives sur l’étude de ce complexe religieux. Les opérations se sont jusqu’à présent concentrées, dans une démarche globale de documentation préventive, sur l’étude archéologique du bâti des principaux monuments médiévaux de Tît, l’analyse des parcellaires anciens, le suivi de travaux donnant lieu à des observations stratigraphiques.

Modélisation 3D du petit minaret avec texture

L’étude archéologique habituelle des élévations par l’observation directe (relevé pierre à pierre, prélèvements de mortier, échantillonnage de matériaux et topographie) a été enrichie par le recours à des technologies innovantes, telles la photogrammétrie et les relevés au scanner 3D, afin notamment de modéliser l’intérieur et l’extérieur des bâtiments et d’enregistrer le maximum d’informations sur ces monuments voués à la restauration. En 2016, la mission a bénéficié du soutien de Sorbonne Universités (avec un s) et du Labex ResMED pour mettre en œuvre un projet de numérisation par scanner laser et de modélisation 3D, piloté par M. Grégory Chaumet (Plemo3D), dans le cadre du projet MoPTaMa (Monuments en pierre de taille du Maroc médiéval, dir. J.-P. Van Staëvel). Longtemps retardée du fait de la crise sanitaire, l’acquisition des données nécessaires à l’achèvement des modèles 3D est prévue pour 2023.

Réalisations :

Travaux universitaires

  • Masure, Catherine, Nouvelles recherches archéologiques sur le ribât de Tît (Maroc) : les matériaux et techniques de construction, Mémoire de Master 2 d’archéologie, dir. J.-P. Van Staëvel, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), septembre 2014

 

Articles

  • Van Staëvel, Jean-PierreFili, AbdallahGaime, SébastienMasure, Catherine, « Tît n Ftâr (Moulay ‘Abdallâh Amghâr) : du ribât à la ville sainte tardomédiévale. Une approche archéogéographique et stratigraphique », Hespéris-Tamuda (Rabat), LVI (2021), 181-212.
  • Van Staëvel, Jean-PierreFili, AbdallahGaime, SébastienMasure, Catherine, « Nouvelle recherches archéologiques sur le ribāt de Tīt (Moulay Abdallah Amghar, Province d’El Jadida, Maroc) », Hespéris-Tamuda (Rabat), LII (2017), 109-134.