Archéologie

Les recherches développées au sein de l’équipe Antiquité classique et tardive comportent également un solide volet archéologique. Plusieurs membres de l’équipe, en effet, spécialistes des périodes protohistoriques et historiques et de régions très diverses, allant du Proche-Orient ancien à l’époque romaine, dirigent des missions ou participent à des recherches dans de nombreux pays du Bassin méditerranéen : en Gaule (R. Golosetti, C. Michel d’Annoville, F. Dugast), en Afrique (F. Baratte, C. Michel d’Annoville) ou en Grèce et Asie Mineure (N. de Chaisemartin, P. Hamon).

Les missions archéologiques (en construction)

Ces missions, qui existent de longue date ou sont de création plus récente, s’inscrivent dans la longue durée. Leurs travaux donnent lieu régulièrement à des publications importantes.

Les membres qui travaillent à l’étranger ont tissé d’étroites collaborations avec les instances archéologiques nationales, qui ont résisté aux bouleversements politiques récents ou en cours, et avec les organismes de recherches étrangers (Dumbarton Oaks, par exemple). Elles exercent, outre leur activité scientifique internationalement reconnue et qui donne lieu à de fructueux échanges, un rôle essentiel de formation vis-à-vis des étudiants français comme de leurs camarades étrangers (participation de doctorants ou de jeunes spécialistes aux travaux de terrain, en particulier au Maghreb, thèses en co-tutelle…).
Cette attention accordée à la formation est également essentielle dans les recherches engagées en France (plusieurs thèses en cours, chantiers-écoles, …).

Les travaux des archéologues recoupent directement les thèmes de recherche de l’équipe, avec un accent mis sur quelques points particuliers :

  • Recherches en Grèce et Asie mineure

Agora sud (NC- sous l’égide de la Mission de recherches archéologiques à Aphrodisias de Carie de New York University, dirigée par le Professeur R.R.R.Smith, Lincoln College, Oxford)Suite aux recherches sur le programme iconographique des frises à guirlandes de l’Agora sud d’Aphrodisias, l’hypothèse d’identification de cette esplanade portiquée à euripe comme le terrain de sports (xyste) du gymnase de Diogénès cité dans l’inscription de Carminius Claudianus CIG2782, corroborée par deux campagne de sondages, a fait débat. Certaines recherches plus récentes ayant vu dans cette place un parc public planté en palmeraie, il semble déterminant de réevaluer les arguments en présence pour préciser, à l’aide des éléments archéologiques confrontés aux apports des recherches actuelles sur les gymnases gréco-romains, les fonctions urbaines successives du complexe depuis la période proto-impériale jusqu’à L’Antiquité tardive.
Nathalie de Chaisemartin, Anca Lemaire (Honoraire CNRS-IRAA), Yann Goubin (docteur Paris IV), sous l’égide de la Mission de recherches archéologiques à Aphrodisias de Carie de New York University, dirigée par le Professeur R.R.R.Smith (Lincoln College, Oxford).

« Archépolis : Archéologie et histoire de l’espace public à Thasos »

L’île de Thasos (Grèce du Nord) fait l’objet depuis 1911 d’une exploration archéologique systématique de la part de l’École française d’archéologie d’Athènes, en collaboration avec le Service archéologique grec (Éphorie des antiquités de Kavala-Thasos). Plusieurs missions sont aujourd’hui menées sur place, aussi bien sur le terrain (agora, sanctuaires, habitat) que dans les réserves du musée où un matériel important, de tous types, s’est accumulé au fil des fouilles et des découvertes.
Parmi ces missions, le programme « Archépolis : Archéologie et histoire de l’espace public à Thasos » a plus précisément pour objectif d’étudier la zone située sur la frange nord-est de l’agora, qui concentre les espaces et les édifices où se déroulaient, de l’époque classique à l’époque impériale, les principaux actes de la vie institutionnelle des Thasiens. Le programme combine l’étude architecturale des locaux à fonction politique, celles des points de culte et enfin celle des monuments honorifiques qui abondent dans cet espace. Il est articulé à l’élaboration d’un WebSIG du centre monumental de Thasos, abritant un certain nombre de bases de données (localisation de blocs épars, inscriptions, appareils des murs, etc.) et qui a récemment permis la création d’un nouveau plan géo-référencé. Il est par ailleurs étroitement lié à la republication des inscriptions thasiennes dans le cadre d’un Corpus des inscriptions de Thasos, menée par P. Hamon (Sorbonne Université, équipe ACT), J. Fournier (Université de Strasbourg) et N. Trippé (Université Bordeaux-Montaigne), et dont un volume est paru en 2019, tandis que quatre autres sont en préparation. Parmi ces inscriptions se distingue un ensemble remarquable de listes chronologiques de magistrats, gravées au IVe s. a.C. sur les murs d’édifices de l’agora ou de ses abords immédiats, tenues à jour jusqu’à l’époque impériale. Le programme fait actuellement une large place au long travail de reconstitution et de commentaire de ces catalogues, ainsi qu’à des réflexions sur leur emplacement exact, sur leur évolution et leurs reconfigurations au fil des siècles, et enfin sur le rôle qu’ils jouaient dans le paysage visuel et le paysage mental des Thasiens.

  • Recherches en Tunisie actuelle

Le « projet Bardo » (Responsable : François Baratte)

Le projet de catalogue des sculptures romaines du musée du Bardo, à Tunis, est né d’une double observation : l’intérêt limité porté aujourd’hui encore à la sculpture dans l’Afrique romaine, en dépit de son abondance et de son intérêt, d’une part ; le manque de travaux sur la riche collection du musée du Bardo dans ce domaine, d’autre part, alors que le musée, jusqu’à une date récente, a accueilli la plupart des pièces importantes trouvées à travers le pays. C’est en 2012 que fut signée une convention entre l’université Paris-Sorbonne et l’Institut National du Patrimoine de Tunisie (INP), confiant à François Baratte et Nathalie de Chaisemartin, ainsi qu’à Fathi Bejaoui, alors directeur général de l’INP la responsabilité de la réalisation d’un catalogue raisonné de cette collection. Un second volet prévoyait la formation de jeunes chercheurs tunisiens à l’étude de la sculpture.
Une équipe a donc été constituée autour des trois responsables, réunissant un groupe de doctorants français et tunisiens, qui, à raison de deux à trois sessions de travail sur place depuis 2012, a étudié directement l’ensemble de la collection, près de 800 œuvres, en grande partie inédites et souvent de haute qualité. Des fiches informatisées ont été réalisées pour chacune d’entre elles, accompagnées des photographies nécessaires. Le nombre de pièces à traiter a conduit à répartir l’étude et la publication en plusieurs volumes, en commençant par les portraits. L’équipe s’est donc attachée, après la réalisation des fiches, à l’étude et au commentaire des 168 sculptures retenues, réparties entre portraits impériaux et privés, personnages masculins et féminins. En 2020, la préparation de ce premier volume s’achève, qui pourrait voir le jour avant la fin de l’année.
Dans le même temps, le travail de formation s’est poursuivi, notamment par le séjour à Paris des membres tunisiens de l’équipe, pour des séminaires d’étude et des séances de travail dans les musées et les bibliothèques, permettant aux étudiants français et tunisiens d’entreprendre ou d’avancer leurs recherches personnelles.
D’ores et déjà, la préparation des notices a permis de nombreuses observations sur la technique des sculptures, les assemblages, les traces d’outils, et sur certains points particuliers comme la réalisation fréquente de statues dans des blocs soigneusement calibrés, souvent très exigus (un pied d’épaisseur) ; elle a éclairé aussi la réflexion sur la chronologie, la circulation des sculptures des grands centres méditerranéens, Athènes, l’Asie mineure, Rome, vers l’Afrique, sur la question des ateliers, extérieurs à l’Afrique ou bien locaux. Une attention particulière a été portée, notamment dans le cadre d’un projet « Convergences » associant l’UMR 8167 au Laboratoire d’archéologie moléculaire et structurale (LAMS) de l’université Pierre et Marie Curie, dirigé par Ph. Walter, à la polychromie des sculptures. Le catalogue mettra donc à la disposition du public et des chercheurs un matériel nombreux, mal connu ou inédit et d’un grand intérêt. Les volumes à venir seront consacrés aux 600 autres pièces, sculptures idéales, divinités et sujets de genre.
S’ouvre ainsi la voie à la rédaction d’une synthèse inédite sur la sculpture en Afrique et sa place dans les cités et les campagnes, dans les espaces publics comme dans les lieux privés

Mission archéologique française à Haïdra (Responsable Caroline Michel d’Annoville)

La mission archéologique française à Haïdra travaille depuis 1968 sur le site d’Ammaedara, à la frontière tuniso-algérienne. A la suite de F. Baratte, C. Michel d’Annoville, a proposé un nouveau programme d’études du site. En accord avec les partenaires tunisiens, avec l’appui du Ministère des Affaires étrangères, l’enquête portera sur le devenir des monuments publics durant l’Antiquité tardive et la période byzantine. Ce thème a été abordé surtout par les historiens et les juristes et moins par les archéologues, or, depuis peu de temps, les observations sur le terrain du processus de réhabilitation ou de démantèlement des monuments anciens, se multiplient. Ce projet privilégiera deux grands pôles monumentaux, le centre civique et le secteur des monuments à auges (MA1), le premier pouvant subir des altérations en raison de sa localisation près de la route actuelle et l’autre étant resté en cours d’étude par l’équipe des missions archéologiques antérieures en raison d’une situation sécuritaire instable. Ces deux espaces témoignent d’une lente évolution, marquée par des phases de construction, de réutilisation et d’adaptation des espaces, et par le prélèvement de matériaux ou la reprise de l’existant pour le conformer à un nouvel usage donnant un aspect composite particulier à l’édifice. L’évolution de ces espaces, comparée à celle des lieux de culte chrétiens mieux connus, permettra d’aborder dans toute sa complexité la dynamique de la ville des époques antique tardive et byzantine et la transition avec l’époque médiévale.

  • Approches archéologiques de la Gaule

Les sanctuaires antiques de la région Ile-de-France (responsable : Raphaël Golosetti)

Sous la direction de Raphaël Golosetti, maître de Conférences en archéologie de la Gaule romaine, un projet de programme collectif de recherche sur les sanctuaires antiques de la région Ile-de-France, a été soumis en janvier 2020 au Service Régional d’Archéologie du Ministère de la Culture.

Ce programme souhaitant établir un nouveau paysage religieux en Gaule romaine comportera un corpus des sanctuaires, de l’âge du Fer jusqu’à l’Antiquité tardive, dont le but est une publication sous la forme d’un atlas, mais également une base de données, plus générale sur l’occupation du sol, et couplée à un S.I.G. afin de cartographier les dynamiques spatiales et mettre en relation les lieux de culte avec les pôles urbains, les habitats ruraux, les voies de communication, etc. Ce programme cherchera également le développement de futures activités de terrain à moyen terme : prospections pédestre, géophysiques et LIDAR sur certains sites-clefs.

Ce programme interinstitutionnel et triannuel réunira des enseignants-chercheurs et chercheurs de Sorbonne Université, de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, de l’université de Cergy, du CNRS, de l’Inrap, du SRA-Ile-de-France et des acteurs extérieurs au monde académique.

Vallée de l’Eure : une rivière, des territoires (responsable : Fabienne Dugast)

Le projet « Vallée de l’Eure : une rivière, des territoires » s’intéresse au bassin versant de l’Eure, sous bassin du Bassin parisien, encore très peu étudié sur le plan archéologique et historique. Il se place dans la continuité des grands programmes lancés à partir des années 1990 sur l’étude des dynamiques de peuplement et de l’organisation spatiale des territoires, et s’attache au rôle des sociétés dans les phénomènes de transmission et de changement des formes spatiales, en y intégrant aussi bien des études sur la morphologie des paysages que sur la formation des groupes culturels.
En s’inscrivant volontairement dans un contexte de faible documentation archéologique, le projet ouvre sur une approche exploratoire et prospective, aussi bien sur le plan scientifique que technologique. Au-delà de l’enrichissement du corpus somme toute maigre des gisements archéologiques du secteur, il vise à restituer les modalités de la construction des territoires et des patrimoines naturels, culturels et sociaux sur le temps long en privilégiant le dialogue transchronologique et l’interdisciplinarité. Il met également en place une plateforme Web-SIG originale dont l’objectif est non seulement de centraliser la collecte des données pluridisciplinaires de manière à pouvoir les croiser, mais aussi, en amont comme en aval, à aider à la réflexion et à la décision sur le terrain en matière de connaissance, de conservation et a fortiori d’aménagement et de gestion des risques de notre environnement historique et naturel, passé, actuel et futur.
Le projet s’appuie sur une collaboration interdisciplinaire et associe également les sciences participatives en intégrant le portail de Science Ensemble de SU (https://www.science-ensemble.org/projets?page=2).

Ce programme interinstitutionnel réunit des enseignants-chercheurs de Sorbonne Université, de l’Université de Paris (UMR PRODIG), de l’UMR METIS, de l’Inrap, du Service régional de l’archéologie DRAC Normandie, ainsi que des acteurs extérieurs au monde académique.

Vaison : étude de la ville durant l’Antiquité tardive (responsable : C. Michel d’Annoville)

Cette recherche sur Vaison-la-Romaine à l’époque tardive a pour ambition de proposer un premier bilan sur le devenir de cette ville méridionale entre le IVe et le VIe siècles (et parfois le VIIe siècle, tant les datations restent floues dans certains cas). La synthèse est inédite car les archéologues se sont peu intéressés à cette période. Les travaux ont longtemps concerné uniquement la cathédrale romane. Il faudra attendre les années 1980-90, et surtout les années 2000, et des méthodes de fouilles plus rigoureuses pour avoir des données plus précises et plus cohérentes sur la topographie de la ville et certains de ses monuments, comme le forum (fouille de J.-M. Mignon). Cette enquête, réalisée en collaboration avec J.-M. Mignon et des archéologues du Service archéologique de Vaucluse, rassemble l’ensemble de la documentation de fouilles anciennes et plus récentes pour dresser un portrait de la ville durant l’Antiquité tardive.

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