Construction et évolutions de paysages religieux complexes

L’État égyptien peut être considéré comme une théocratie : l’étude de la religion égyptienne, notamment à travers son emprise territoriale permet non seulement d’éclairer des aspects culturels et religieux fondamentaux, mais aussi de mieux comprendre l’organisation de l’espace et la construction de paysages autour de temples et des nécropoles, dans la Vallée du Nil et au-delà.
Cet axe de recherche structurant s’appuie à la fois sur des sites où l’engagement de l’équipe est ancien (Karnak, Dendera, Saqqara), mais aussi sur l’ouverture de nouveaux terrains d’envergure (Médamoud, Tanis, Sedeinga, nécropoles privées de Haute et Moyenne Egypte), en dialogue avec les autres équipes de l’UMR et des institutions comme l’Institut français d’archéologie orientale, le Centre Franco Egyptien d’Études des Temples de Karnak ou encore la Section française de la Direction de l’archéologie au Soudan.
L’étude de la religion et de la construction et de l’évolution de ces paysages religieux doit permettre de mettre en valeur l’un des pans constitutif de l’État et de la civilisation égyptienne, à travers ses temples et ses nécropoles, dont l’emprise culturelle, économique et sociale dépasse la seule question religieuse.

Temples, clergé et villes

De grands chantiers récemment relancés, comme celui autour des chapelles osiriennes de Karnak ou du temple de Médamoud dans la région thébaine permettent d’étudier des temples et tombes dans leur inscription dans un tissu urbain et régional. La constitution d’un paysage religieux passe également par la réception et l’usage des tombes anciennes et des monuments religieux dans la communauté comme doivent permettre de le mettre en évidence le programme sur les inscriptions de visiteurs dans les nécropoles privées par exemple. Le temple de Tiyi à Sédeinga au Soudan permet également de mesurer l’emploi de l’architecture religieuse par le pouvoir royal pour s’approprier un territoire étranger et en changer la nature.

Pratiques religieuses et rituelles

Les études épigraphiques et iconographiques en cours permettent d’étudier l’évolution des cultes au sein des édifices religieux et funéraires, à travers différents projets, comme l’étude de la religion funéraire royale dans les complexes funéraires royaux et privés de Saqqara pour l’Ancien Empire et de Tanis pour la Troisième Période intermédiaire, un programme sur le calendrier des fêtes religieuses égyptiennes ou encore sur la religion des scribes. L’iconographie et l’épigraphie des temples, mais aussi des tombes royales, relèvent en effet d’un discours religieux mais aussi politique, qui participe de la construction et de la réflexion sur le pouvoir royal, et à terme, de sa légitimation. Le discours des monuments funéraires privés s’inscrit également dans l’espace politique, en négociant une place pour le défunt et son réseau dans la mémoire sociale et la communauté.