Histoire

Le pôle Histoire de l’équipe « Antiquité classique et tardive » s’est profondément renouvelé en raison de l’arrivée de nouveaux chercheurs dont les travaux se répartissent entre publication de sources et questionnements portant sur les identités et les mutations politiques, économiques, culturelles et religieuses. Ces travaux portent plus précisément sur trois domaines :

L’Afrique antique

Ce domaine, qui est complété par les travaux de l’équipe d’Archéologie au Maghreb, concerne aussi bien l’Afrique des royaumes que l’Afrique des provinces. À partir de l’exploitation des sources épigraphiques et archéologiques, confrontées aux sources littéraires, on repère les évolutions qui ont inséré ce territoire dans les configurations diplomatiques, politiques, sociales et religieuses propres au monde méditerranéen des époques pré-romaine et romaine. La publication annuelle de la Bibliographie analytique de l’Afrique antique, qui est un outil de référence pour les africanistes depuis 1962, est désormais dirigée par M. Coltelloni-Trannoy et Cl. Briand-Ponsart. La revue Karthago a repris une publication régulière depuis 2013, sous la direction de M. Coltelloni-Trannoy. Les doctorants sont des partenaires actifs de cette activité de recherche : par exemple, en novembre 2012 a eu lieu une journée des doctorants africanistes, plusieurs thèses ont été soutenus (2013, 2014), une est en cours sous la co-direction de M. Coltelloni Trannoy et C. Michel d’Annoville : « Le paysage maritime de la Maurétanie occidentale » (B. Orban).Les deux principaux axes de recherche sont les suivants :• L’hellénisme africain

La présence d’individus originaires de Méditerranée orientale, mais aussi l’usage du grec répandu de manière plus ou moins diffuse dans la population africaine soulèvent plusieurs problématiques : les flux migratoires, la participation des individus et des communautés allogènes à la vie économique et religieuse des cités africaines, les différentes facettes du plurilinguisme. Ces recherches s’adossent à deux projets : l’élaboration du corpus des inscriptions grecques d’Afrique et la participation à un GDRI (français, algérien, allemand) au Centre Camille Jullian d’Aix-en-Provence qui a pour objet d’étude l’archéologie et l’épigraphie de Cherchell/Caesarea de Maurétanie. Une thèse (soutenance décembre 2014, M. Ladhari, dir. M. Coltelloni-Trannoy) a été consacrée aux Grecs et Orientaux en Afrique, à l’époque du Haut-Empire ; M. Ladhari collabore désormais au corpus des inscriptions grecques d’Afrique.

États et provinces de l’Afrique dans l’univers méditerranéen

Ce domaine de recherche s’intéresse d’une part à la formation des royaumes africains au confluent des structures indigènes et des modèles dominants en Méditerranée, d’autre part aux ruptures et aux continuités qui ont accompagné leur réduction en provinces. Les questionnements portent aussi bien sur les structures politiques que sur les aspects économiques et culturels. Un colloque international s’est tenu en mars 2012 à Paris-Sorbonne, soulevant la question des relations entre les deux rives du détroit de Gibraltar à partir du modèle très débattu du « Cercle du Détroit » (paru dans Karthago, 29, 2015). Deux thèses ont été soutenues en 2013 sous la dir. de M. Coltelloni-Trannoy : : « Les édifices sévériens de Lepcis Magna » (M. Ben Aros) et « L’Armée de Cyrénaïque » (O. Gaballa) ; une thèse est en cours, sous la dir. de M. Coltelloni Trannoy (M. Diome, « César et l’Afrique »).

L’historiographie de Rome en langue grecque

Cet axe de recherche (porté par M. Coltelloni-Trannoy) s’intéresse à des sources qui analysent l’histoire romaine à travers le crible de modèles mixtes, hellénistiques, romains, juifs, chrétiens.

Dion Cassius

L’historien grec du IIIe s., Cassius Dion, a fait l’objet d’un projet d’ANR, Dioneia, dont Paris-Sorbonne était partenaire (dir. M. Coltelloni-Trannoy) : il est désormais achevé et il a donné lieu à un ouvrage (Cassius Dion. Nouvelles lectures, Bordeaux, 2016, 2 vol.) qui renouvelle la connaissance de cet historien de Rome écrivant en langue grecque. Il propose des recherches neuves sur les aspects institutionnels, politiques, lexicaux et littéraires de son œuvre, ainsi que sur sa réception à l’époque byzantine. Le travail d’édition des livres à la CUF se poursuit : M. Coltelloni Trannoy travaille sur les livres 59-60 (61) consacrés à Caligula et Claude.

Eusèbe de Césarée

Le premier historien de l’Église occupe l’équipe depuis de nombreuses années. Son œuvre est étudiée sous tous ses aspects : apologétiques, exégétiques, mais aussi historiques. Un projet de commentaire de l’Histoire ecclésiastique, qui réunit chercheurs de l’équipe et chercheurs italiens, a donné lieu à un premier volume, publié aux Belles Lettres en 2012. L’entreprise se poursuit.
Une traduction française de la première partie de la Chronique verra le jour en mars 2020, aux Belles Lettres (collection La Roue à Livres, dir. Aude Skalli). Un chercheur de l’équipe (S. Morlet) a participé à son commentaire.

Nicolas de Damas et Flavius Josèphe

Après la publication des fragments historiques de Nicolas de Damas, notamment de sa Vie d’Auguste, aux Belles Lettres en 2011 (E. Parmentier, membre désormais associé), l’apport de cette œuvre du Ier s. av. J.-C. à l’historiographie de l’Empire romain a été étudié en relation avec les travaux sur Flavius Josèphe, dont Nicolas fut la principale source pour le règne d’Hérode. Parallèlement au séminaire sur Les Antiquités juives, qui poursuit l’édition en cours depuis 1992 (Cerf), les recherches portent sur le règne d’Hérode, dans une approche se démarquant de l’histoire psychologique et de la discussion sur la judéité du personnage : la problématique est celle de la pluralité des références institutionnelles et juridiques de ce règne, avec en arrière-plan l’analyse des horizons culturels et des ancrages sociologiques des élites hellénophones de Judée. Une monographie développera ces thématiques à la confluence des mondes juif, grec et romain.
L’œuvre de Flavius Josèphe, occupe également, sous un angle plus littéraire, certains chercheurs du pôle Textes anciens (S. Morlet, O. Munnich). Une traduction révisée du livre V de la Guerre des juifs, avec commentaire, est parue aux Belles Lettres.

La Méditerranée orientale à l’époque hellénistique et romaine

L’équipe réunit plusieurs spécialistes du monde grec antique (F. Lefèvre, M.-C. Marcellesi, F. Préteux) et de l’Orient romain (M.-F. Baslez, A.-V. Pont) qui, en exploitant principalement l’épigraphie et la numismatique et en confrontant leurs apports respectifs, s’interrogent sur les identités et les mutations politiques, économiques, culturelles et religieuses. On peut signaler, parmi les principaux axes de recherche :L’étude des communautés politiques et des formations étatiques• Les Etats et la monnaie

Les recherches menées en numismatique visent notamment à retracer l’histoire monétaire de tel ou tel Etat (cité, confédération, royaume) dans la longue durée pour préciser la réalité de son statut politique et son évolution. C’est dans cette perspective qu’a été analysée l’histoire de Pergame, à la fois cité et capitale du royaume attalide à l’époque hellénistique (M.-C. Marcellesi, ouvrage paru en 2012). D’autres études du même type, fondées sur des corpus monétaires, sont menées dans le cadre de doctorats.

Les cités dans l’Orient romain

Un projet IUF a porté sur l’évolution du modèle civique dans l’Orient romain au IIIe s. et au début du IVe s. ap. J.-C. (A.-V. Pont, 2011-2016) et a visé à mettre en valeur les altérations de la vie commune, en étudiant la participation civique et religieuse, les expériences locales, les émotions collectives.

Les juifs et les chrétiens dans les cités grecques et l’Orient romain

Une partie des recherches menées au sein de l’équipe sur le judaïsme hellénisé s’inscrivent dans une approche institutionnelle et juridique d’une part (droit de cité des juifs dans les cités d’Ionie, compatibilité entre les règles successorales juives et le droit romain), sociologique et culturelle d’autre part.

L’étude des faits économiques et sociaux

– L’usage de la monnaie

Un axe important des recherches menées en numismatique porte sur l’usage de la monnaie, d’après la confrontation des sources numismatiques et épigraphiques. On distingue ainsi différents usages de la monnaie, à l’échelle locale, régionale ou internationale. Dans le prolongement du programme ANR Nomisma (M.-C. Marcellesi, 2007-2010), les recherches porteront plus spécifiquement, dans les prochaines années, sur les « monnaies communes » de l’Antiquité, notamment les « alexandres » à l’époque hellénistique.
Dans la même perspective, les monnaies trouvées dans les fouilles d’un site archéologique permettent de préciser des réseaux de relations. Les monnaies des fouilles menées à Alexandrie en Egypte par le Centre d’études alexandrines a donné lieu à un volume collectif paru en 2012 (dir. O. Picard). Des études du même type sont en cours pour les sites de Thasos en Grèce (fouilles de l’Ecole française d’Athènes), Paphos à Chypre (fouilles de l’Université de Chypre), Xanthos et le Létôon en Lycie (fouilles de la mission archéologique française).

– Les inscriptions et l’économie

Plusieurs recherches en cours et à venir portent sur des catégories d’inscriptions qui sont une source importante pour l’économie – comptes, inventaires, décrets portant sur des opérations financières. Un colloque a eu lieu en 2013 sur les multiples formes de la propriété foncière dans la vie des cités de l’Orient romain (A.-V. Pont).

– L’argent des religions

Cet axe transversal s’est développé ces dernières années, au sein de l’équipe « Antiquité classique et tardive » et, plus largement, du Labex Resmed : il porte sur la façon dont les religions (de l’Egypte antique à l’islam) parviennent à se financer, sur les moyens par lesquels les discours religieux légitiment les richesses des institutions et communautés religieuses et l’on s’est demandé en quoi les religions constituent des forces économiques.

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