Marges, frontières, réseau d’échanges multipolaires

Du golfe de Suez au Soudan, l’exploration des déserts, zones de marge et zones frontalières restera au coeur des recherches de notre équipe, dont l’expertise est reconnue sur ces terrains depuis de nombreuses années. Outre la poursuite de la réflexion sur le concept de frontière et son évolution (grâce notamment à l’analyse du lexique et de la toponymie), l’accent sera mis sur les problématiques du statut et de l’insertion de ces espaces au sein des réseaux économiques et des réseaux d’échange.

Organisation des expéditions et navigation maritime : de la mer Rouge à la Méditerranée

Le « navigational landscape » de l’Égypte antique a longtemps été considéré comme presque exclusivement tourné vers le Nil. Depuis une quinzaine d’années, les travaux de notre équipe en mer Rouge, que ce soit dans le Sud-Sinaï ou dans les ports de Ouadi el Jarf et Ayn Soukhna ont significativement contribué à réévaluer l’investissement des Égyptiens en mer depuis les époques les plus anciennes. Il s’agira de poursuivre la collecte de données nouvelles sur les circulations maritimes durant l’Ancien et le Moyen Empire, ainsi que sur la logistique des expéditions égyptiennes depuis la vallée. Sur la façade méditerranéenne, cette fois ci pour les époques plus tardives (à partir du Nouvel Empire), les données des chantiers de notre équipe (Tell el Herr, Tell Héboua), ou auxquels plusieurs membres de notre équipent participent (Tanis, Alexandrie, Plinthine), contribuent à redéfinir la place de l’Égypte au sein des réseaux d’échange de la Méditerranée orientale, mais aussi à déterminer les moyens mis en oeuvre par le pouvoir central pour contrôler les flux de biens et de personnes, entre nécessité des échanges et soucis de sécurisation et de délimitation du territoire égyptien.

Le Soudan : un pôle majeur au sein du réseau régional

L’une des spécificités de notre équipe est le développement de la recherche sur le Soudan ancien, en particulier grâce au chantier phare de Kerma Doukki Gel. Tour à tour acteur politique indépendant (cultures Kerma, royaumes de Napata et de Méroë) ou territoire dominé par le voisin égyptien (en particulier au Nouvel Empire), le Soudan avait une importance stratégique et économique essentielle comme interface entre le monde méditerranéen et l’Afrique subsaharienne, et fournisseur de matières rares et demandées (en particulier l’or). Il s’agira de poursuivre l’analyse des structures étatiques et économiques durant les phases d’indépendance, en évaluant notamment l’impact économique et culturel des échanges avec les acteurs voisins, ainsi que d’examiner les moyens mis en oeuvre par les Égyptiens au Nouvel Empire pour dominer et exploiter ce territoire conquis par la force militaire, mais dont la gestion reposait aussi largement sur l’implication des pouvoirs locaux.