Santé et maladies – enjeux de formation et de recherche (sciences humaines, sciences de la vie et médecine)
– Jeudi 16 et vendredi 17 juin 2016
Atelier international en Sorbonne

Cette évolution suscite plusieurs interrogations. Premièrement, on remarque que le besoin d’interdisciplinarité ne s’énonce pas nécessairement à partir du même point de vue, pas plus qu’il ne poursuit des finalités identiques. Certains verront dans la réflexion philosophique, sociologique, dans les approches littéraires ou historiques de la santé et de la médecine des outils permettant de stimuler une recherche fondamentale autour de concepts communs : ceux de nature humaine, d’identité ou de différence, de normal et de pathologique par exemple ; d’autres font appel aux « humanités » pour introduire dans la pratique médicale la réflexion « éthique » qui lui aurait trop longtemps fait défaut. D’autres encore pour mettre en perspective et historiciser des pratiques et des questionnements que l’on tend à présenter comme nouveaux en oubliant la réflexion passée à leur sujet.
Par ailleurs, ce besoin d’interdisciplinarité est-il à sens unique ? Ne doit-on pas aussi se poser la question, pour certains parcours en sciences sociales et humaines, d’une formation en biologie ou en médecine ? La question se pose d’autant plus que, dans certaines traditions ou spécialités médicales et biologiques, certains médecins ont eux-mêmes formulé une réflexion assez avancée sur une compréhension de la pathologie et de la santé qui tiendrait compte de « l’homme tout entier » (K. Goldstein).
Deuxièmement, les pratiques de recherche et d’enseignement présentent une certaine hétérogénéité, non seulement d’un pays à l’autre, mais aussi au sein d’un même pays. En Angleterre, l’appellation « Medical Humanities » est par exemple présente à la fois pour désigner des centres de recherche, le Center for Medical Humanities de Durnham, ou des départements, comme au Kings College de Londres. En France, l’introduction de ce terme est plus récente (voir à cet égard l’état de la question dressé par Maxence Gaillard et Nicolas Lechopier, « Relever le défi d’introduire aux sciences humaines et sociales en première année commune des études de santé. Mise en perspective de quelques pratiques pédagogiques », Pédagogie médicale, n°16, 2015, p. 23-34). Un état des lieux, à l’échelle de Sorbonne Universités, serait utile, afin de prendre acte de ce qui existe et de concevoir une poursuite de la structuration de la formation et de la recherche dans cette direction.
L’objectif de cet atelier sera donc de proposer un retour réflexif autour de ces deux constats.
1. à quel titre les « humanités » ou les sciences humaines et sociales peuvent-elles ou doivent-elles être mobilisées dans le champ de la recherche et des enseignements en biologie, médecine, santé et professions paramédicales ? Quelle est la finalité d’une telle interface ? Quelles pourraient être ses conditions et ses limites ?
2. Quelles formes peuvent prendre les recherches et les enseignements interdisciplinaires dans ce champ ?
3. Le cas échéant, quels enseignements tirer des pratiques de recherche et d’enseignement dans d’autres pays, non seulement dans les pays anglo-saxons (Oxford Ethox Center) mais aussi en Suisse (Institut Universitaire de Médecine et de Santé) ou en Allemagne (Institut für Geschichte, Theorie und Ethik des Medizin, Düsseldorf) ?
Partiperont à cet atelier :
- Véronique Boudon Millot : L’excellent médecin doit-il aussi être philosophe ? La réponse d’Hippocrate et de Galien
- Florence Bourbon : Explorer la pensée médicale antique : attendus et inattendus
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