Histoire et archéologie de l’Islam de l’Islam médiéval
Les mercredis, 17h-19h
Institut de recherche sur Byzance, l’Islam et la Méditerranée au Moyen Âge (IRBIMMA), 17, rue de la Sorbonne, escalier B, dernier étage, Paris 5e
ou
Colegio de España, Cité Universitaire, 7E Bd Jourdan, Paris 14
Le séminaire repose sur une alternance entre séances plénières et des ateliers
Entrée en matière générale : histoire et archéologie des espaces ruraux
20 octobre : Ateliers (IRBIMMA)
Organisation des terroirs
24 novembre : Ateliers (IRBIMMA)
Sainteté et espace rural
8 décembre : Ateliers (IRBIMMA)
12 janvier : Ateliers (IRBIMMA)
Fiscalités rurales
16 mars : Ateliers (IRBIMMA)
30 mars : Ateliers (IRBIMMA)
13 avril : Ateliers (IRBIMMA)
11 mai : Ateliers (IRBIMMA)
1. La construction sociale de l’espace dans l’islam médiéval. Volet 3 : Les espaces ruraux
Lieu : Sorbonne, IRBIMMA, salle de lecture et Colegio de España de Paris, Cité Universitaire
dates : 22, 29 sept. ; 6, 13 oct., 10, 17 nov. ; 1er dec. ; 26 janv. ; 2, 9, 13 fev. ; 9, 23 mars ; 6-20 avril ; 18,25 mai
Dans le monde de l’Islam médiéval, les espaces ruraux sont marqués par une très profonde disparité des moyens de connaissance. En Égypte, les campagnes et leurs villages ont laissé, dès les premiers siècles de l’hégire, une abondante documentation en grec, en copte et en arabe, ce qui permet d’appréhender non seulement certains aspects de la vie économique et sociale, mais également les relations avec les villes. En revanche, dans la plupart des régions, les dimensions sociales et économiques de la question souffrent d’une évidente carence documentaire. Composante essentielle de la population, les sociétés agropastorales sont pauvres en sources écrites, et leurs archives quasi inexistantes.
Les sources littéraires (poètes, géographes, voyageurs…) permettent certes de pallier en partie la pénurie documentaire affectant la plupart des territoires de l’Islam médiéval et il conviendrait sans doute, pour commencer, de s’interroger sur la manière dont les auteurs médiévaux se représentent l’espace non urbain et ses relations avec la ville ou les citadins. Néanmoins, ces sources offrent avant tout le regard d’élites urbaines sur les campagnes. De même, quand bien même les documents fiscaux ou administratifs éclairent ponctuellement certains aspects des campagnes, ils sont souvent établis par des élites citadines au profit d’un pouvoir citadin. Lorsqu’elle est fondée sur les sources textuelles urbaines, la connaissance des campagnes apparaît donc biaisée, et d’autant plus limitée si l’on s’intéresse à la vie sociale et économique, aux modes d’exploitation du sol ou aux formes de peuplement. En outre, l’archéologie ne peut encore que pallier très partiellement cette carence documentaire : l’intérêt des archéologues, s’il s’est manifesté avec force pour l’Occident islamique durant les années 1980 et 1990 avant de s’étioler, peine encore à s’étendre, au Proche-Orient, au-delà de la période des débuts de l’Islam. Paradoxalement, les espaces intermédiaires ont fait l’objet d’enquêtes récentes remarquables, ainsi des munya-s, grandes propriétés suburbaines, dans l’hinterland des métropoles méditerranéennes.
Construite pour l’essentiel à partir de ce donné textuel focalisé sur les milieux urbains lettrés, la réflexion historique sur la nature de l’organisation sociopolitique et administrative du monde rural, et plus largement sur celle des rapports entre villes et campagnes, est passée par plusieurs stades. Après avoir successivement été marquée par le modèle latifundiaire de l’histoire positiviste, le modèle féodal de l’histoire marxiste, elle apparaît aujourd’hui, une fois dépassée cette vision stéréotypée de la domination exclusive des villes sur les campagnes, plus fragmentée et plus relativiste que jamais, en fonction de l’état de la recherche dans chaque région ou pays. On a ainsi renoncé à un modèle explicatif général, au profit le plus souvent d’études ponctuelles, encore rares au vu de l’importance du sujet, et qui ne permettent guère de saisir la question dans son ensemble. L’un des objectifs de ce séminaire consistera donc à dresser un premier bilan comparatif des différentes traditions historiographiques en présence, afin de réfléchir aux conditions d’une écriture commune de l’histoire des campagnes dans le monde islamique médiéval. Dans ce monde où la terre demeure la principale source de richesse et de revenus, on s’intéressera notamment à la nature de la propriété foncière, au rapport entre l’Etat et les communautés agropastorales, au degré de contrôle exercé par le premier, ou à la capacité d’autonomie des secondes, aux modes d’exploitation du sol et d’utilisation de l’eau, aux structures du peuplement, enfin aux rapports économiques et à la nature des échanges.
Conçue pour mettre en lumière les logiques d’interaction et les mécanismes d’interpénétration qui régissent les rapports entre villes et campagnes au long du Moyen Âge islamique, cette large réflexion menée dans le cadre du séminaire commun de l’équipe Islam médiéval invite à repenser les catégories d’urbain et de rural, autrefois opposées de manière binaire par l’historiographie.
2. Actualités de la recherche
Responsable : Cécile Bresc-Mariani (Sorbonne Université) et Sylvie Denoix (CNRS, UMR Orient & Méditerranée 8167).
Lieu : IRBIMMA, salle de lecture
dates : 6 oct., 15 dec., 16 fev.
Ce séminaire a pour ambition de présenter de nouveaux terrains ou des recherches récentes concernant le domaine de l’Islam médiéval. Des chercheurs de différentes générations (des doctorants avancés aux chercheurs seniors), spécialistes de diverses disciplines (histoire, archéologie, histoire de l’art, islamologie, études littéraires...), y présentent leurs travaux afin d’approfondir la connaissance que nous avons des sociétés que nous étudions dans leurs différentes dimensions (productions savantes comme culture matérielle, représentations et pratiques, étude des institutions comme des acteurs sociaux qui les animent).
Dates : 20 oct. ; 24 nov., 8 déc., 12 janv.
1. Histoire, science sociale : Du texte à la source. Littérature et histoire
Responsables : Annliese Nef (Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Christophe Pébarthe (Université Bordeaux-Montaigne)
“Il est rare que les historiens s’aventurent au cœur des textes littéraires” (J. Lyon-Caen, La griffe est du temps. Ce que l’histoire peut dire de la littérature, Paris, 2019, p. 10). L’histoire préfère s’en tenir au contexte, ce qui va avec le texte, ce qui en explique l’origine. La littérature n’est pas son domaine. Cette scission entre le littéraire et l’histoire littéraire a été énoncée dans les Annales, en 1960, par Roland Barthes. Ce faisant, il mettait délibérément les textes littéraires hors du temps, les réduisant à des créations subjectives. De façon plus générale, du point de vue des historien.ne.s, le statut de fiction constitue une bonne raison de se tenir éloigné.e.s de la littérature.
Pourtant, les textes littéraires ne sont associés à une dimension fictionnelle que depuis moins de deux cents ans. Balzac, par exemple, pensait que le roman avait pour fonction d’expliquer le monde contemporain. Et ses premiers lecteurs, et surtout lectrices, ne s’y trompèrent pas. Pour nombre de celles-ci, assurément, les romans balzaciens étaient une source précieuse pour comprendre le monde dans lequel elles vivaient.
Les historien.ne.s d’aujourd’hui ne pourraient-ils et elles pas retrouver ce geste ? Et trouver dans la littérature, dans les textes mêmes, une part des mondes sociaux passés qu’ils et elles cherchent à connaître ? Ceci implique de s’interroger sur le statut de la fiction ou sur l’existence même de la littérature pour les périodes anciennes. L’ambition de cet atelier est de sensibiliser les participant.e.s aux débats nombreux sur le sujet et à la manière dont les sciences sociales ont tenté d’aborder ces textes. La première séance consistera à rappeler les termes de la discussion, en historicisant la lecture et la littérature. Les séances suivantes chercheront à montrer comment les œuvres dites littéraires peuvent devenir des sources à part entière pour l’histoire. La 4e séance sera consacrée à la discussion des recherches et/ou interrogations des doctorants et masterants.
Lieu : Sorbonne, IRBIMMA, salle Islam
2. Sources écrites : Documents omeyyade
Responsable : Cécile Bresc-Mariani (Sorbonne Université) et Mathieu Tillier (Sorbonne Université)
Les premiers temps de l’Islam sont le plus souvent étudiés à partir de sources littéraires composées tardivement, offrant une relecture téléologique et théologique de cette histoire. Pourtant, les premières générations de musulmans ont laissé d’importants corpus documentaires, écrits sur du métal (pièces de monnaie, sceaux), sur la pierre, la céramique (ostraca), le papyrus, le cuir et le textile. Cet atelier proposera une initiation au déchiffrement et à l’analyse de deux types de documents écrits à l’époque omeyyade en Orient (VIIe-VIIIe siècles) : les inscriptions épigraphiques (officielles et privées) et les documents administratifs sur papyrus (registres, correspondances)
Lieu : Sorbonne, IRBIMMA, petite salle de lecture
Dates : 16, 30 mars, 13 avril, 11 mai
1. Histoire, archéologie : Topographie. Identifier les lieux, du nom au site
Responsable : Mathilde Boudier (Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Maxime Durocher (Sorbonne Université)
En écho au thème annuel du séminaire sur les espaces ruraux, cet atelier « topographie » souhaite réunir historiens et archéologues autour des problèmes et méthodes d’identification des lieux, que ces lieux soient cités dans les textes médiévaux ou étudiés sur le terrain.
Quels outils peut-on mobiliser pour identifier des toponymes trouvés dans les sources textuelles – notamment d’une langue à l’autre – et les faire correspondre à des lieux ? Comment identifie-t-on des vestiges découverts lors de prospections avec un lieu connu (ou non) par les textes, et selon quelles précautions méthodologiques ? On se confrontera aux instruments de travail disponibles et à leurs limites, ainsi qu’aux enjeux de la représentation cartographique. Cet atelier sera surtout l’occasion de partager et d’échanger autour des méthodes que développe chacun pour faire correspondre textes, vestiges et géographie.
Après une introduction méthodologique lors de la première séance, nous travaillerons à partir d’études de cas tirées des recherches de membres de l’équipe sur différentes régions de l’Islam médiéval : Anatolie (M. Durocher), Syrie-Palestine (M. Boudier), Égypte (P. Pilette) et Sahara (A. Charpentier et I. Houssaye-Michienzi), au contact des documents et des instruments de travail. A chaque séance, les étudiants et doctorants qui le souhaitent pourront également soumettre à la discussion des problèmes d’identification de lieux se posant à eux dans le cadre de leurs recherches.
Lieu : Sorbonne, IRBIMMA, salle Islam
2. Sources écrites : Les régimes de narrativité
Responsables : Sylvie Denoix (CNRS) et Iyas Hassan (Sorbonne Université)
Les historiennes et les historiens sont, dans l’exercice de leur métier, confrontés à des récits. Soit ceux rédigés par les témoins des époques étudiées, soit ceux produits par l’historiographie. La narrativité est un champ qui étudie les mécanismes internes d’un récit. La narration, constituante du récit, est alors l’objet de fécondes analyses et la narratologie est la discipline qui s’y emploie.
Dans cet atelier, nous tâcherons d’aider les étudiants à examiner des éléments de leur corpus dans une perspective narratologique.
Lieu : Sorbonne, IRBIMMA, petite salle de lecture