Soutenance de thèse de Noëmie Lucas

Madame Noëmie Lucas soutiendra publiquement sa thèse de doctorat en Histoire médiévale intitulée :

Le pouvoir de la terre : essai d’histoire de la société bas-iraqienne au IIe/VIIIe siècle

Le 15 décembre 2020 à 14h00 au Colegio de España, Cité Universitaire, 7E Bd Jourdan, Paris 14.

Devant un jury composé de :

  • Antoine Borrut, Professeur adjoint, University of Maryland
  • Anne-Marie Eddé, Professeure émérite, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (directrice de thèse)
  • Hugh Kennedy, Professeur, School of Oriental and African Studies (rapporteur)
  • Françoise Micheau, professeure émérite, Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne
  • Mathieu Tillier, Professeur, Sorbonne Université
  • Éric Vallet, Professeur, Université de Strasbourg

En raison de la situation sanitaire, vous êtes convié.e.s à y assister à distance, par Zoom, en vous connectant le 15 décembre à 14h en cliquant sur le lien ci-dessous :
https://zoom.univ-paris.fr/j/97023580573?pwd=bE9PcGNObk5sYmpTcGZOa0F2VU5OQT09
Code : 501765

Résumé
Cette thèse propose un essai d’histoire de la société du sud de l’Iraq au IIe siècle de l’Hégire (VIIIe siècle) à partir d’une réflexion sur le pouvoir de la terre. Elle se concentre sur la région de Basse-Mésopotamie caractérisée par un paysage organisé par le Tigre et l’Euphrate et leur système de canaux, ainsi que par des marais. Nous y étudions la société bas-iraqienne en prenant en considération son hétérogénéité
religieuse et sociale. Nous mettons en particulier l’accent sur les relations de cette société de la terre avec l’État au IIe/VIIIe siècle, période pendant laquelle deux dynasties se succédèrent, les Omeyyades jusqu’en 132/750 puis les Abbassides, et nous interrogeons ce changement de pouvoir pour l’histoire foncière de la région.
À partir d’un corpus littéraire, composé en grande partie de sources narratives à intention historique et de sources à vocation normative, en particulier portant sur la jurisprudence fiscale, et qui ne sont, le plus souvent, pas contemporaines de la période envisagée, nous proposons une histoire qui prend en considération la formalisation littéraire et la dimension socio-économique. Ce travail sur la mise en récit de l’histoire et du droit permet de proposer un double tableau de la société foncière bas-iraqienne au IIe/VIIIe siècle : à la fois celui que les sources présentent et celui qui déborde de leur projet historiographique.
Un intérêt particulier est porté à l’analyse du processus historique de la genèse de l’État. Nous montrons comment le pouvoir agit sur la terre bas-iraqienne tout en devant, pour cela, composer avec les gens de la terre. Nous interrogeons donc la manière dont la région est gouvernée, pour considérer particulièrement la question fiscale et la propriété de la terre. Nous mettons l’accent sur les acteurs (les administrateurs, les propriétaires, les paysans) et les processus : les modalités d’acquisition de terres (héritage, achat, concession, revivification), les conflits fonciers, l’exploitation des domaines. Nous observons comment le pouvoir de la terre dans le Bas-Iraq au IIe/VIIIe siècle s’exprime notamment par la capacité d’action des populations à se défendre et à agir sur le pouvoir de l’État sur leurs terres.

Summary
This thesis offers an attempt at a social history of Southern Iraq during the second/eight century based on a discussion of the power of the land. It concentrates on the region of Lower Mesopotamia, which is characterized by a landscape organized by the Tigris and Euphrates rivers and their system of canals, as well as by marshes. We study Lower Iraqi society, taking into account its religious and social diversity. Particular focus is given to the relationship of this land-related society with the state in the 2nd/8th century, a period during which two dynasties followed one another, the Umayyads until 132/750 and then the Abbasids. This change of power for the land history of the region is then questioned.
Based on a literary corpus, composed largely of later narrative historical sources and normative sources, especially concerning fiscal jurisprudence, we suggest a history that takes into consideration literary forms and the socio-economic aspect. This work on the writing of history and law allows us to propose a twofold portrait of the landed society in Lower-Iraq in the 2nd/8th century : both the one presented by the sources and the one that goes beyond their historiographical project.
Of particular interest is the analysis of the historical process of the formation of the state. We show how power acts in the land of Lower-Iraq, while at the same time having to cope with the “people of the land” in order to do so. We therefore examine how the region is governed, with a particular focus on the fiscal issue and land ownership. We focus on the actors (administrators, owners, peasants) and the processes : the modalities of land acquisition (inheritance, purchase, grants, revivification), land conflicts, and the exploitation of estates. The power of land in Lower Iraq in the 2nd/8th century is demonstrated by the capacity of people to defend themselves and to act on the power of the state over their land.