Construction et Usage des édifices chrétiens pendant les débuts de l’Islam : approches croisées sur l’Église en Méditerranée et au Moyen-Orient (VIIe-IXe siècles)

Colloque international (Espagne/France), transversal (archéologie/histoire) et pluridisciplinaire (Antiquité tardive, Haut Moyen-Âge). Initié à l’Ifpo Beyrouth en 2019 par une initiative de Pauline Koetschet, directrice des études arabes (DEAMM), avec le concours de Dominique Pieri, directeur des études archéologiques et historiques de l’Antiquité (DAHA), et avec le soutien constant de Françoise Briquel-Chatonnet (Mondes sémitiques), Vincent Déroche (Monde byzantin), et Jean-Pierre Van Staevel (Islam médiéval) de l’UMR 8167 (CNRS-Paris 1-Sorbonne Université).

Ce colloque s’inscrit dans le prolongement de plusieurs évènements antérieurs traitant de la période de transition entre antiquité tardive et débuts de l’islam.
Il s’agit tout d’abord de La Syrie de Byzance à l’Islam, publié par Pierre Canivet et Jean-Paul Rey-Coquais (1992) après un colloque de Lyon en septembre 1990, et ensuite de la conférence réunie en novembre 2006 à Damas sur les processus de mutation de l’habitat dans le Bilād al-Šam et éditée par Karin Bartl et ʿAbd al-Razzaq Moaz (2009). L’année suivante, en octobre 2007, se tenait à Paris un second colloque consacré aux dynamiques d’occupation et de peuplement de l’espace syrien « de Justinien aux Abbassides Continuités de l’occupation entre les périodes byzantine et abbasside au Proche-Orient, VIIe-IXe siècles »» qui fut édité par Antoine Borrut, Muriel Debié, Dominique Piéri, Arietta Papaconstantinou et Jean-Pierre Sodini (2011).

En prenant, à leur suite, le parti de la continuité, ce projet vise à se concentrer sur l’aspect cultuel et communautaire, celui de l’édification, l’utilisation et les abandons des Églises autonomes dans le contexte des débuts de l’Islam, à travers les témoignages archéologiques et textuels de leurs bâtiments religieux.
À ce titre, la journée d’étude sur Les églises syriaques organisée à Paris par la Société d’études syriaques en 2012 et publiée l’année suivante sous la direction de Françoise Briquel-Chatonnet (2013) constitue un premier jalon.
D’autre part, nous bénéficions des inestimables apports de la conférence Le Christianisme en Irak au tournant de l’Islam, organisée à Erbil en 2019 par Narmin Ali Amin (Univ. d’Erbil), Julie Bonnéric (CEFAS/Ifpo Amman) et Barbara Couturaud (Ifpo Erbil) qui donnera lieu prochainement à une publication (2022). Il visait à faire le point sur les établissements chrétiens de l’espace irakien sassanide en invitant les chercheurs spécialistes des terrains de l’Adiabène et du Sawād à se focaliser sur la période de transition vers l’époque islamique.

Nous proposons de prolonger ces expériences, tout d’abord en invitant encore les historiens des textes à se confronter aux archéologues, ensuite en demandant aux antiquisants d’investir pleinement les deux premiers siècles de la période islamique et enfin, en étendant cette expérience à l’espace syrien ex-romain.

Le projet initial porté par l’Ifpo en 2020 a été repoussé en 2021 en raison de la pandémie. Il a alors fusionné avec une seconde entreprise parallèle impulsée par Maria Angeles Utrero, chercheuse CSIC en poste à l’École espagnole d’histoire et d’archéologie de Rome (EEHAR) et avec le soutien de l’Escuela de Estudios Árabes de Grenade. Sous le nom de « Construction et Usage des édifices chrétiens pendant les débuts de l’Islam : approches croisées sur l’Église en Méditerranée et au Moyen-Orient (VIIe-IXe siècles) », il réunit 23 chercheurs travaillant sur l’Antiquité tardive ou du premier Moyen-Âge dans les différentes aires de la Méditerranée et du Proche-Orient (Espagne post-wisigothique, Irak et Arménie post-sassanide, Syrie-Palestine, Égypte et Afrique post-byzantine.) autour d’un sujet commun, le développement continu des Églises héritières du christianisme antique dans le domaine de l’Islam des premiers siècles.

Nous y confrontons les dynamiques d’expansion, de conversion, de structuration communautaire comme autant de formes paradoxales et d’adaptations variées à un ordre confessionnel dont le développement fut lui-même progressif. L’objet qui permet cette démarche polycentrique n’est autre que l’église en tant que bâtiment, ainsi que ses édifices associés (monastères, baptistères, chapelles, martyria) qu’en théorie, la loi islamique aurait dû proscrire dès l’instant de la conquête. Pourtant, ils continuèrent à être construits, agrandis, remaniés, modifiés, et ouvent reconstruits et réinvestis pendant les trois siècles de l’Empire omeyyade et abbasside.

Ce colloque international se propose d’envisager ces questions multiples en confrontant les observations, approches et hypothèses des archéologues, historiens de l’art et des textes, antiquisants et médiévistes, occidentalistes et orientalistes, byzantinistes et islamisants travaillant au sud comme au nord de la Méditerranée et du Moyen-Orient.