Maxime Planoudès, Lettres
Maxime Planoudès (vers 1255-vers 1305) est l’un des plus illustres humanistes de cette première Renaissance paléologue qui transmit plus tard à l’Occident l’héritage intellectuel de la Grèce antique. L’importance de son rôle en tant que philologue, commentateur, traducteur et enseignant est attestée par les manuscrits qu’il copia, compila, annota ou répara, mais aussi par une collection de cent vingt et une lettres éditée peu après sa mort et dont le présent volume propose pour la première fois une traduction intégrale en français, abondamment annotée.
Adressées à des correspondants dont certains sont fameux et d’autres connus uniquement par elles – courtisans, fonctionnaires, érudits, ecclésiastiques –, ces lettres révèlent les réseaux de relation et d’amitié de Planoudès autant que ses goûts, sa culture et ses lectures. Elles lèvent aussi le voile sur ses sympathies, voire ses engagements politiques dans la dernière partie de sa vie, comme diplomate au service de l’empereur mais aussi et surtout comme mentor et ami d’un jeune et brillant général, Alexis Doukas Philanthrôpènos, dans le contexte de la dernière contre-offensive byzantine face à l’avancée turque en Asie Mineure. Au-delà de ces riches informations historiques, cette correspondance pétrie de culture hellénique témoigne peut-être avant tout de la permanence à l’époque byzantine tardive d’un art précieux et sophistiqué, celui du genre épistolaire dont les règles avaient été fixées dans l’Antiquité gréco-latine. La lettre idéale se signale moins par la richesse du contenu informatif que par ses manques et ses silences sur lesquels prennent appui les connivences culturelles et personnelles entre l’auteur et le destinataire, où le lecteur du recueil une fois publié tente avec peine de s’introduire. Elle vise donc moins à communiquer des informations qu’à mettre en scène l’acte même de communication et la relation amicale idéalisée qui la sous-tend.