Mobilités et migrations en Méditerranée : Vers une anthropologie de l’absence ?

Sous la direction de Constance De Gourcy et Kamel Chachoua

’association des termes mobilité et absence qui constituent le cœur de ce dossier suggère un parti pris : celui de penser l’immigration avec et à partir des sociétés de départ afin de ne pas considérer cet intervalle temporel uniquement du point de vue du lieu de la présence mais aussi avec celui de l’absence. C’est en effet cette temporalité effacée et ignorée par la science de l’immigration qu’il convient de réintroduire pour comprendre autrement les expériences plurielles de la mobilité et les interroger à l’aune des transformations induites par le transnationalisme.

Les contributions rassemblées dans ce numéro problématisent les perspectives ouvertes par ce paradigme et explorent des pistes de recherche inédites dont certaines sont mises à l’épreuve des contextes sociaux apparus depuis les révoltes dans le monde arabe. En posant comme hypothèse la nécessité de sonder la densité de l’expérience relationnelle que l’absence révèle ou dont elle est l’indicateur, les auteurs ont relevé le défi de montrer que l’absence n’est pas seulement le contraire de la présence, comme pourrait le laisser penser le remplacement de la « double absence » par la « double présence », mais une autre expérience du social au cœur de laquelle résident les effets de la distance et de la séparation. En réunissant onze contributions de spécialistes, ce dossier entend ainsi contribuer au renouvellement des recherches sur les questions migratoires en faisant de l’absence un poste d’observation inédit des transformations à l’œuvre dans le monde méditerranéen.