Conférences de Mme Eleanor Dickey

Eleanor Dickey, Professeur invitée à Sorbonne UniversitéUMR Orient & Méditerranée,

Les mots latins dans la langue grecque

Cette série de conférences est basée sur le livre à paraître du professeur Dickey, Latin Loanwords in Ancient Greek: A Lexicon and Analysis. Comme cet ouvrage est basé sur la première collection complète de mots latins qui se trouvent dans la littérature, les inscriptions et les documents grecs anciens, il renverse de nombreuses croyances de longue date sur la nature et le rôle de ces mots. Par exemple, il n’est pas exact que les emprunts aient été principalement faits à la fin de l’Antiquité, qu’ils aient eu tendance à avoir une courte durée de vie, qu’ils aient été exclusivement des noms ou qu’ils  aient étéprincipalement confinés aux domaines sémantiques du droit, du gouvernement et de l’armée. Donc quels types de mots ont été réellement empruntés, quand sont-ils entrés en grec, et combien de temps ont-ils duré ? Au cours de quatre conférences, nous explorerons les réponses à ces questions et aux questions connexes.

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Première séance

Mardi 14 mars à 10h

(séminaire de M.-P. Noël, Sorbonne, salle  G063, esc. E, 3e étage)

Les mots latins dans la langue grecque : que pouvons-nous savoir et comment ?

La plupart des textes grecs ne contiennent pas de mots latins – mais quelques-uns en contiennent beaucoup. La plupart des mots latins trouvés dans les textes grecs n’apparaissent qu’une seule fois – mais certains sont fréquents. Dans ces conditions, comment évaluer les différentes sources de preuves et déterminer quels mots latins auraient été utilisés par des hellénophones ordinaires monolingues et lesquels étaient réservés aux bilingues ? Quels types d’informations pouvons-nous récupérer sur l’usage de ces mots latins en grec, et qu’est-ce qui est inconnaissable ?

 

Deuxième séance

Jeudi 23 mars à 17h15

(séminaire de C. Le Feuvre, 16 rue de la Sorbonne, salle d’épigraphie, RdCh)

Quels mots latins les hellénophones ont-ils empruntés, et pourquoi ont-ils choisi ces mots plutôt que d’autres ?

On a longtemps pensé que les hellénophones empruntaient principalement les mots nécessaires pour exprimer les concepts juridiques, gouvernementaux et militaires de leurs maîtres romains. Mais en fait moins de la moitié des emprunts latins concernent de tels sujets.

Quels champs sémantiques représentent la majorité des emprunts, et qu’est-ce que ces sujets ont en commun ? Qu’est-ce que le choix des hellénophones des mots à emprunter peut nous dire sur la question de qui empruntait des mots latins et pourquoi ? Les hellénophones ont-ils emprunté des verbes, des adjectifs et/ou des adverbes latins ainsi que des noms, et ont-ils emprunté des suffixes ? Que révèlent ces schémas d’emprunt sur le rapport des hellénophones au latin ? Pourquoi certains mots latins ne sont-ils attestés qu’en grec – est-ce que les hellénophones pouvaient créer leurs propres mots ‘latins’ ?

 

Troisième séance

Jeudi 30 mars à 17h15

(séminaire de C. Le Feuvre, 16 rue de la Sorbonne, salle d’épigraphie, RdCh)

Quand et où les hellénophones ont-ils emprunté des mots latins ?

Contrairement à la croyance populaire, peu de mots latins ont été empruntés dans l’Antiquité tardive. Alors, quelle était la principale période d’emprunt ? Et où est-ce qu’on a emprunté les mots latins : sont-ils apparus simultanément dans tout le monde hellénophone, ou commençaient-ils à un endroit et se diffusaient à partir de là, ou commençaient-ils à un endroit et y restaient ? Que révèle la forte densité de mots latins dans des textes particuliers, tels que le Nouveau Testament, les lettres de papyrus de l’Égypte du IVe siècle ou les écrits bureaucratiques de Constantinople du VIe siècle ? Les auteurs de ces textes connaissaient-ils plus de latin que d’autres écrivains, ou avaient-ils seulement une attitude différente vis-à-vis du latin ? Dans quelle mesure les mots que nous voyons dans les lettres de papyrus ont-ils été réellement empruntés en Égypte ?

 

Quatrième séance

Mardi 11 avril  à 12h

(séminaire d’A. Garcea, Sorbonne, salle  G063, esc. E, 3e étage)

Quels ont été les effets à long terme des emprunts latins ?

Un contact linguistique intense et durable comme celui entre le grec et le latin a généralement des effets à long terme : y en a-t-il eu dans ce cas ? Le volume des emprunts latins a-t-il affecté la phonétique ou la morphologie du grec ? Qu’est-il arrivé au vocabulaire grec dans son ensemble : comment la tendance à emprunter des mots latins a-t-elle interagi avec d’autres forces telles que l’atticisme, le christianisme et le sentiment d’identité des locuteurs grecs après la conquête romaine ? Qu’est-il advenu à long terme des emprunts latins, et pourquoi ? Y en a-t-il qui survivent aujourd’hui ?

 

Conférence de l’équipe EDITTA

Mercredi 12 avril à 17h

(bibliothèque de l’UFR de grec, 16 rue de la Sorbonne, 2e étage)

Les lexiques bilingues ‘Ps-Philoxenus’ et ‘Ps-Cyrillus’ : quand et pourquoi les a-t-on créés ?

Seuls deux grands lexiques bilingues subsistent de l’Antiquité, le dictionnaire latin-grec attribué au Ps-Philoxenus et celui, grec-latin, attribué au Ps-Cyrillus. On pensait autrefois qu’ils étaient tous deux extraits d’un lexique géant et perdu compilé au VIe siècle après J.-C., dont le Ps-Philoxenus a pris les entrées les plus savantes et le Ps-Cyrillus les plus populaires. Mais maintenant qu’un fragment du Ps-Philoxenus a été découvert dans un papyrus de c. 200 ap. J.-C., ses origines et celles du Ps-Cyrillus sont beaucoup moins claires. Les emprunts latins apparaissant dans les moitiés grecques des deux lexiques peuvent-ils nous aider à cerner leurs origines ? Pour le contexte, voir E. Dickey, ‘The History of Bilingual Dictionaries reconsidered’, CQ 71 (2021): 359-78, disponible en libre accès (doi:10.1017/S0009838821000343).

 

Contact pour information et pour obtenir les liens Zoom des séances :

claire.le_feuvre@sorbonne-universite.fr