Tinmal. Recherches archéologiques sur la cité sainte et le sanctuaire dynastique de l’Empire almohade (Maroc)

Présentation :

Vue générale du site © Jean-Pierre Van Staëvel

Située à 100 km au sud de Marrakech et à 1200 m d’altitude, Tinmal est une localité implantée dans le Haut-Atlas central, dans la vallée du cours supérieur de l’Assif n-Nfîs, non loin du col du Tizi-n-Test qui permet de rejoindre Taroudant et la plaine du Souss.

Mosquée de Tinmal © Jean-Pierre Van Staëvel

A compter du milieu des années 1120, Tinmal devient, après Igiliz, le second foyer de la révolution almohade menée par Ibn Tûmart. Cette bourgade montagnarde devint ensuite, à compter du milieu du XIIe siècle, la cité sainte de l’Empire almohade nouvellement instauré (1147), et un lieu de pèlerinage au tombeau du fondateur du mouvement, dans le cadre d’un rituel particulièrement prisé par les élites du nouveau régime. Cette fonction funéraire et commémorative se confirme avec l’inhumation sur place des premiers califes almohades, donnant naissance à une nécropole princière. Si la ville connaît un déclin certain à partir de la chute de la dynastie (1269 ; Tinmal est pillée en 1275, les tombes des califes sont profanées à cette occasion), son rôle de pôle de dévotion se poursuit encore jusqu’à la fin du Moyen Âge.

Vue générale de la muraille orientale © Jean-Pierre Van Staëvel

Le site a donné lieu à une littérature scientifique abondante de la part des spécialistes des textes médiévaux. Mais en dépit de son importance historique et de son statut emblématique, le site archéologique n’a quant à lui fait l’objet que de travaux ponctuels, dont certains sont restés inédits. C’est sur son monument majeur, la célèbre mosquée de Tinmal, joyau architectural du milieu du XIIe siècle, que se sont principalement concentrées les publications. Potentiellement très riche en artefacts car fréquenté par les élites impériales almohades durant plus d’un siècle, le gisement archéologique reste donc en grande partie à explorer. De larges zones potentiellement riches en vestiges sont donc accessibles à une enquête archéologique.

Objectifs scientifiques

Le programme de coopération scientifique entre la France et le Maroc se propose de réinsérer le site de Tinmal dans un questionnement d’ensemble qui recourt aux outils actuels de l’archéologie pour sortir des spéculations des historiens des textes, proposer une autre lecture du site que celle offerte par une promotion touristique centrée uniquement sur la visite de la mosquée almohade, et envisager les multiples apports d’une enquête approfondie sur le terrain. Trois axes majeurs structurent la problématique du projet : les rythmes de l’occupation de Tinmal, saisis si possible dans la longue durée ; la culture matérielle de Tinmal, entre productions montagnardes et importations citadines ; la dimension religieuse, funéraire et commémorative du site. Celui-ci demande à être sérieusement documenté du point de vue planimétrique : l’un des premiers volets d’intervention de la mission archéologique porte donc sur l’acquisition des données permettant de dresser un levé topographique des zones de vestiges accessibles et d’élaborer un modèle numérique de terrain d’une grande précision ; parallèlement, un système d’information archéologique et géographique et une base de données sont en phase de conception. Dans un deuxième temps, des sondages seront menés dans la zone de la muraille orientale, magnifique exemple de l’architecture militaire du XIIe siècle, et dans plusieurs secteurs d’habitat, afin de constituer l’indispensable référentiel stratigraphique. Le mobilier archéologique récolté dans ces contextes donnera lieu à des études spécifiques (intéressant essentiellement la céramologie et la bioarchéologie dans un premier temps).

Actions de valorisation et de formation

Le programme de recherches archéologiques à Tinmal est conçu d’autre part pour répondre à l’agenda de la mise en valeur touristique et patrimoniale du site, en accompagnant les projets actuels par une approche archéologique adaptée sous forme de diagnostics menés dans les secteurs concernés par les aménagements d’accueil et de visite.

La mission franco-marocaine à Tinmal entend enfin réitérer l’expérience concluante d’Igiliz, en recréant progressivement les conditions d’accueil et de formation des étudiants marocains ou autres dans le cadre d’un véritable chantier-école destiné à l’apprentissage sur le terrain des techniques archéologiques et connexes.