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Motion relative la protection et à la réaffirmation des libertés académiques, votée par les doctorants des différentes équipes

POUR LA RÉAFFIRMATION ET LA PROTECTION DE LA LIBERTÉ ACADÉMIQUE DES DOCTORANTES ET DOCTORANTS

Nous, doctorantes et doctorants de l’UMR 8167 Orient & Méditerranée, attachés à la défense et à l’intégrité du savoir que nous nous formons à élaborer, exprimons notre profonde inquiétude face à l’annulation du colloque “La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines”, initialement prévu les 13 et 14 novembre 2025 au Collège de France. Cet acte, qui dépasse le seul cadre de l’événement concerné, révèle une fragilisation préoccupante des conditions mêmes de l’exercice de la recherche.

Ce colloque, qui réunissait des spécialistes universitaires relevant d’une pluralité d’institutions internationales et appliquant des cadres épistémologiques courants dans les sciences humaines, a été annulé par l’administrateur du Collège de France en réponse à une polémique remettant en cause à la fois le contenu scientifique du colloque et la sécurité des participants et du personnel de l’institution hôte. Cette polémique, née dans la presse, a conduit le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à exercer des pressions sur le Collège de France, publiquement revendiquées, afin d’obtenir l’annulation de cette rencontre1.

Nous exprimons notre incompréhension et notre vive préoccupation face à une décision inédite, de nature à porter une grave atteinte à la liberté académique en France. Nous craignons l’instauration d’un précédent où des pressions extérieures au monde académique, d’origine médiatique ou politique, puissent orienter ou entraver la pratique de la recherche. Qu’un établissement aussi prestigieux se trouve exposé à une campagne de décrédibilisation, sans bénéficier du soutien de son ministère de tutelle, laisse planer la crainte d’une ère de soupçon généralisé envers la science dont auraient à pâtir tous les étudiants et étudiantes, chercheurs et chercheuses, quelles que soient leurs convictions personnelles. À l’instar de ce que nous observons ailleurs dans le monde, une telle évolution pourrait aboutir à normaliser des actes de censure institutionnelle et à diffuser la pratique de l’autocensure par souci d’échapper aux pressions et aux menaces.

Nous rappelons que l’État français est tenu par la Constitution de respecter la liberté académique. La loi garantit aux chercheuses et chercheurs une pleine indépendance ainsi qu’une entière liberté d’expression dans l’exercice de leurs missions (art. L. 952-2 du Code de l’éducation). Elle leur assure une autonomie totale à l’égard de toute influence politique, économique, religieuse ou idéologique (art. L141-6 du Code de l’éducation). Établie par la loi, la liberté académique a été reconnue par le Conseil constitutionnel (décision n°83-165 DC du 20 janvier 1984) et par le Conseil d’État (décision n°329056 du 9 juin 2010) comme un principe constitutionnel.

Sur cette base, nous déplorons que l’annulation d’un événement scientifique à la suite de pressions médiatiques et politiques, quel qu’en soit le sujet, sape les fondements mêmes de la recherche et constitue une attaque injustifiée contre l’intégrité scientifique, professionnelle et personnelle des organisateurs et des chercheurs invités. La liberté académique, qui ne doit pas être confondue avec la liberté d’expression, concerne la possibilité pour les chercheuses et chercheurs d’établir des faits empiriques et de confronter des élaborations théoriques sans pression extérieure. Cette recherche de vérité, fondée sur la compétence et la méthode, ne doit être soumise qu’à la validation collective de pairs. Nous rappelons que le principe de neutralité, invoqué dans le cadre de cette polémique, concerne les institutions académiques et non pas les chercheuses et chercheurs eux-mêmes ; le devoir de réserve des institutions est la condition même du libre exercice des droits des enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses, et ne doit en aucun cas venir les entraver.

Nous, doctorantes et doctorants de l’UMR 8167, exprimons notre profonde préoccupation quant à la facilité avec laquelle le principe de liberté académique a été ébranlé. Liés pour beaucoup d’entre nous au Collège de France de par nos recherches, estimant le rôle précieux qui est le sien dans le maintien de l’excellence académique, nous sommes d’autant plus sensibles à la portée de cette décision pour nos travaux et notre carrière future. Si la liberté académique n’est pas pleinement garantie pour des chercheurs et chercheuses établis, nous ne pouvons qu’éprouver les plus vives inquiétudes quant à notre propre position en tant que doctorantes et doctorants confrontés à une absence d’appuis, une incertitude structurelle et une précarité croissante. Nous demandons par conséquent que nos droits et libertés soient clairement affirmés, afin d’assurer un cadre institutionnel garantissant le plein exercice du métier de chercheur et chercheuse auquel nous consacrons tant d’efforts et de temps à nous former.

Nous appelons toutes les institutions scientifiques et académiques de France à réaffirmer publiquement leur engagement en faveur d’un débat académique libre, critique et pleinement indépendant des pressions médiatiques et politiques. Nous demandons également que les étudiantes et étudiants, ainsi que les doctorantes et doctorants, soient activement protégés contre toute pression ou intimidation extérieure de nature à menacer leur liberté académique, leur intégrité professionnelle et leur sécurité physique.

1 Philippe Baptiste sur X : « Défendre la liberté académique, c’est défendre un débat libre, respectueux et pluriel. C’est le message que j’ai porté auprès de l’administrateur du Collège de France au cours des derniers jours. Le colloque « Palestine et Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines»

La motion a été adoptée à l’unanimité des votant·e·s. Voici les résultats, détaillés par équipe :

  • Monde byzantin : 14 voix
  • Islam médiéval : 9 voix
  • Mondes pharaoniques : 7 voix
  • Antiquité classique et tardive : 7 voix
  • Mondes sémitiques : 6 voix
  • Médecine grecque et littérature technique : 1 voix

Cela représente un total de 44 votes favorables.

ADOM. L’atelier des doctorants d’Orient & Méditerranée
 

Fort de son succès, l’atelier des doctorants d’Orient & Méditerranée (ADOM) est reconduit pour une troisième édition pour l’année 2025-2026. Son objectif est d’accueillir et rassembler les doctorantes et doctorants de toutes les équipes de l’UMR 8167  autour d’un cycle de séminaires, dont les thématiques ont trait aux différentes étapes et enjeux du parcours des étudiants-chercheurs.

L’atelier est organisé par Aïmana ASSOUMANI (Islam médiéval), Charles CLÉMENT (Islam médiéval), Anne-Laure DAUBISSE (Mondes pharaoniques) et Inès KEUTER (Mondes sémitiques).

Il aura lieu les mardis, de 17h à 19h, dans la bibliothèque de l’IRBIMMA ou en Zoom pour les doctorants qui ne pourraient pas se déplacer

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